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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

vendredi 31 décembre 2010

Décembre (extraits du Journal interruptif!)

Jeudi, le 2 décembre 2010.
Déménagement ! Je sais depuis mardi soir (réunion avec RHO) que je déménage le samedi 11 décembre après-midi. J’ai commencé aujourd’hui à empaqueter des livres dans mes sacs SAQ et j’ai appelé, Mireille et Benson pour avoir des boîtes. Il faudrait que j’appelle maman demain, pour prendre des nouvelles d’abord, mais aussi pour voir si Guy n’en aurait pas pour moi… Ben m’a dit qu’il serait prêt à aller les chercher à son magasin.
Il faudrait que j’appelle Viviane aussi, pour voir. Je ne veux pas me plaindre mais je vais doucement. C’est pas drôle vieillir. J’ai pas pu faire grand-chose aujourd’hui. Il va falloir vraiment cette année prendre de meilleures résolutions parce que je vais devoir sérieusement me remettre en forme, si possible. Là je me trouve pas mal engourdi avant le souper. Je vais me cuire un moreau de poisson (saumon, youppi!) avec du riz (contaminé… oups!…). Mais je subis et observe de près cette épreuve intéressante, riche d’enseignement sur l’état des forces… et surtout, je garde le moral. Happy every day, Ming, mais oui! il faut…
J’ai appelé ma belle Vivi, pour prendre de ses nouvelles mais aussi pour lui demander mon petit service… Elle a des boîtes pour moi ! Mais j’ai appris, avant, qu’elle avait été mordue par un petit chien qu’elle gardait pour ses amis. Elle a fait une infection, cela aurait pu être très grave.
Elle a dû se rendre à l’urgence et toute une nuit elle a été traitée à l’hôpital. C’est arrivé il y a deux semaines, elle est complètement remise, mais quand même, si elle n’avait pas réagi, cela aurait pu être fatal : mordue à l’os, infection sévère. C’est arrivé le samedi, c’est le pharmacien qu’elle est allé voir le lendemain qui lui a dit de se présenter à l’urgence.
Eh ben… dis donc! … J’étais soufflé et bien assis sur ma chaise. Je ne savais pas quoi lui dire… mais enfin donc, elle a des boîtes mais il faut aller les chercher. Je dois arranger ça avec Benson. Demain peut-être. Il me faut ces boîtes et d’autres aussi!, le plus tôt possible.

Dimanche le 19 décembre 2010.
Dis-donc! les problèmes de santé se multiplient chez mes amis. Je viens d’apprendre que maman a subi une attaque de Guillain-Barré sévère à la toute fin de novembre. Traitée et sauvée à l’hôpital elle entreprend un long et pénible processus de rééducation. Au pire elle avait été complètement paralysée au bas du corps. Une infection avec ses dents aurait été le déclencheur.

Lundi, le 20 décembre 2010.

Solstice d’hiver 2010

Le soleil se montre finalement, sortant du smog… Ça sentait le brûlé assez fort hier. Faute de vents la fumée de combustion des poêles à bois partout aux alentours s’accumulent et nous sommes coincés, étouffés presque, sous ce nuage… Ce mélange doit-être aussi très humide, charriant de la vapeur d’eau puisque les branches des arbres sont toutes givrées.

C’est un spectacle saisissant! dont il faut jouir vite, ne pas attendre des heures pour voir jouer les rayons à travers les branches parce que c’est la journée où ce soleil se montre le moins généreux pour nous, pauvres terriens en train de subir encore cette épreuve régulière du passage, ce solstice d’hiver… j’en frémis encore quand j’y resonge : celui de l’an dernier coïncidait avec une grave crise émotive. Les craques s’élargissaient dans ma relation à Yezi et bientôt notre amour allait sombrer.

Et puis s’est révélé au moment de cette crise un problème de santé qui n’allait plus me lâcher tout du long de cette drôle d’année. Le 13 décembre je me souviens d’être allé me faire vacciner pour la grippe H1N1… et c’est huit ou neuf jours après que mes problèmes commençaient… Coïncidence ? Je ne crois pas.

Qu’il y ait une part de ma faute, je n’en doute même pas. Mes habitudes de vies ne sont pas parfaitement saines. Je ne suis pas un saint. J’ai longtemps bu beaucoup trop et je continue, à l’occasion plus doucement, mais l’alcool produit certains effets qui s’accumulent avec le temps dans l’organisme. Puis j’ai versé pas mal (trop) dans l’échauffement artificiel du yang, faute de partenaires sexuels réguliers.

Alors, depuis cette crise émotive du dernier solstice, où ma colère était demeurée inconsciente, car j’étais dévasté par l’aveu de Yezi qu’elle s’était sentie plus proche de sa précédente historiette, ce fameux « G », qu’elle le trouvait plus passionné que moi ! J’ai brûlé dans mon corps pendant trois jours, incapable de faire face à la musique.

Nous nous étions un peu rabibochés alors, elle m’assurait qu’elle tenait encore à moi mais cela n’avait pas tenu longtemps. J’avais au début de l’année perdu sa sympathie et elle ne me l’a laissé savoir que lentement, au gré des messages sibyllins semés dans son blog.

Le rafistolage a cédé par ma faute ensuite : j’avais trop avoué mes fautes, ces mauvaise habitudes de gaspillage yang. Ça l’avait dégoûté de moi, désespéré : elle n’avait pas à se taper tant de bassesse, avait-elle écrit en se servant d’une citation non située de Breton.

Cela m’a pris bien du temps à comprendre la leçon. Nous sommes amis maintenant mais il y a eu une longue éclipse dans notre relation avant qu’elle ne puise reprendre dans son nouvel aspect. Encore assez proches, nous ne sommes plus amoureux mais bien amis. Elle n’arrive pas à trouver l’homme qu’il lui faut.

Maintenant, j’ai perdu de l’habileté motrice et j’ai les mains engourdies presque continuellement. Il faut que je m’active car sinon c’est l’ankylose qui guette et la vieillesse qui rapplique à grande vitesse. Pour me garder jeune, vivant, actif, il me faudra plus que de bonnes résolutions en cette nouvelle année.

Cette année, avec l’éclipse de lune en plus, totale, juste avant le solstice, je craignais plus une explosion de folie meurtrière du côté des deux Corée. Comment interpréter ce moment astronomique? Il semble que c’est un moment où le yin, dans toute sa splendeur, s’éclipse alors que le yang lui-même étant au plus bas fait encore sentir sa puissance : en fait c’est la terre qui se glisse entre les deux astres principaux de notre ciel et fait office de diviseur.

Quelles en seraient les conséquences, pour nous, terriens, de jouer ainsi les trouble-fête dans les retrouvailles normalement attendues du soleil et de la lune? Mais si on y regarde de plus près, lorsque le yang est au plus bas et que le yin, au lieu de jouir effrontément de sa suprématie s’éclipse, cette « pudeur » pourrait me semble-t-il nous rapprocher un peu plus de l’harmonie… En fait, c’est un tour d’esprit : on pourrait interpréter la fin de cette décennie ainsi sous les auspices de très bon présage.

Il semble que nous serons encore épargné pour le moment, les dernières nouvelles semblent bonnes alors que la Corée du Nord renonce à faire feu sur les manœuvres sud coréennes, s’abstenant de répondre aux tirs d»’artillerie qui ne sont même pas dirigés sur son territoire. Enfin, il faudrait voir plus précisément car je sais qu’ils ne sont pas d’accord sur le tracé des frontières.

Ici dans mon nouvel appartement où les fenêtres s’ouvrent sur le nord, je n’ai jamais le soleil en pleine face. Mon lit placé dans l’axe, la tête au nord, je dors bien. Le tout me convient bien mais je suis lent à organiser mon perchoir. Il y aurait encore tant de choses à faire et je n’ai envie que de repos, paix, calme, méditation. Je préfère écrire mais je n’ai pas assez de temps pour lire. Sans argent en fin de mois je me demande comment faire si je dois aller en plus à Boucherville.

Sans argent en fin d’année, je ne me soucie pas beaucoup de Noël. Le passage à la nouvelle année, je crois bien, ne sera pas l’occasion d’un gros party pour moi. Mais tout ça c’est du rabâchage. L’important pour moi est de voir comment je vais m’organiser pour rebondir tout au long de cette nouvelle année 2011 et de toute la décennie. Je ne suis pas mort et je détiens encore les clefs de ma réussite.

Vendredi, le 24 décembre 2010.
how to become a monster

je mène une vie complètement dissolue sans respect d’aucune autorité d’aucune sorte sans responsabilité sans obligation familiale ou autres je ne me sens fidèle qu’à certaines idées quelques amour cependant ou désirs d’amour c’est l’anomie apparemment catastrophique d’une anarchie radicale

résultat terminal d’une dérive décadente sur la vague la plus glissante du nihilisme

là je bois de la bière parce que c’est la veille de Noël? non j’ai commencé hier soir 9 aujourd’hui je continue juste pour finir la caisse à fond la caisse je devrais appeler papa maman est à l’hôpital qu’est-ce que je fais, je traîne au lit j’écris ceci…

signes sensibilité aux signes cette question du sens et sensibilité à l’étrangeté des signes me done envie d’étudier même le chinois! how to become a monster just let talk freely your anarchic nature la ponctuation je connais I want to become a pure writer this is why I must become a monster

maintenant c’est un super beau jour il y a du soleil partout sur montréal ma ville mais je vais me coucher pour faire l’amour subliminal à mon égérie la sibylle yezi qui crèche à pékin

mais je ne veux pas devenir un monstre des fois je me dis même que je ne veux pas devenir du tout et pourquoi encore puisque je suis !

Samedi, le 25 décembre 2010. --- NOËL

Beaucoup veulent se projeter à toutes forces, devenir! C’est leur maître-mot. Moi je me contente d’être, car cet être, donné, mien… oui, jusqu’à un certain point, je ne le mets pas en doute. Je suis heureux du temps qui passe.

Jeudi le 30 décembre 2010.

L’année s’achève dans quelques heures, une journée. J’étirais la sauce, dans mon nouveau logement, désargenté et j’ai vérifié tout à l’heure que le chèque est déjà en banque, sur mon compte et je compte bien sentir dès que possible ma nouvelle relative aisance. Vais-je prendre la passe d’autobus mensuelle, très chère… mais pour bouger plus : je le dois !
Une année de vie pas banale mais vers la fin la mort me serre d’un peu plus près. J’ai quelques ennuis de santé, maman a eu des ennuis de santé, qui se sont déclarés dès la fin novembre, le 30, crise de Guillain-Barré, paralysée des jambes, sauvée de justesse à l’hôpital Charles-Lemoyne…
Ils ne m’en avaient pas averti et je l’ai su seulement la semaine dernière alors que j’appelais avant Noël… Adieu célébrations! Pas cette année. Malchance plus grande, miraculée, elle en réchappe, ce sera un long travail de réhabilitation pour retrouver sa motricité… mais voilà, elle attrape une bactérie résistante à l’hôpital et se tape un gastro-entérite, qu’elle ne peut s’empêcher de communiquer à mon vieux papa…
Ils m’interdisent d’aller les voir, ils sont très contagieux, ils sont faibles, ils ont des vomissements, de la diarrhée… c’est un vrai Noël de merde! Je sais que c’est sérieux parce que j’ai eu un peu la même chose début juin. J’avais été très malade toute une semaine… cela m’avait fait manquer mon rendez-vous au SHU de Notre-Dame pour résultat de biopsie de mon ulcère à la bouche… je l’ai su depuis…
Donc, les deux malades, vieux, faibles, ils s’épaulent, se supportent mutuellement. Le couple d’amoureux dont je suis issu ! Même Guy qui va leur porter des articles de première nécessité l’attrape, la gastro, même ayant pris toutes les précautions… deux jours sur le dos avant d’aller retourner travailler, pas tout à fait remis mais à son affaire, sa responsabilité de gérant du magasin.
J’ai enfin appelé ce soir, je retardais, craignant de trop mauvaises nouvelles. Ouf!… oui, ils vont se remettre mais lentement. Ils sont encore malades, ne reçoivent pas de visites vraiment mais des amies de maman lui amènent des petites douceurs.
Plusieurs sont morts cette année que je chérissais. Je pense d’abord à Jean Ferrat, mon chanteur préféré de jeunesse. Oui, c’est beau la vie! Mais aussi bien d’en profiter intelligemment, si possible, pendant que l’on en est capable, parce que cela ne dure pas éternellement. En fait, oups!, 50 ans et c’est vite passé.
À la télé je vois qu’ils repassent « La vita es bella! » de et avec Roberto Belligni. C’est ironique et cette fois, doublement. Un film fou, souvent très drôle mais à l’humour au second degré très grinçant et sur un sujet très grave. Il y a eu des camps d’exterminations aussi en Italie, lors de la seconde guerre mondiale, l’Italie fasciste voulait plaire à Hitler.
Tout arrive trop vite : c’est ainsi quand on n’a pas bien pensé. Que l’on travaille trop ou trop peu, on est toujours refait, quand on se retrouve du mauvais côté de l’Amérique. Le côté historique. Le déclin… accéléré maintenant. À la fin des années 80 Denys Arcand était à peine prophétique, avec son titre de film qui devait provoquer le mépris, plus que le scepticisme de cet inénarrable Anthony Quinn, feu Zorba le Grec, lors de la cérémonie des oscars 1989 je crois. Tout arrive trop vite, et surtout le déclin.
Quand on est jeune, même si intelligent, très intelligent, on se croit rapide, en avance sur son temps, s’engageant dans de sérieuses décisions qui décoiffent l’humanité toute entière mais , on se croit plus vite que le destin. Quelques revers ont vite fait de nous apprendre à patienter. Si l’on n’a pas pensé, et disposé efficacement les chances en vue d’une progéniture, il faudra bientôt se résigner à disparaître… bien gentiment !
C’est la vie. Et si je veux faire durer le plaisir, eh bien, j’ai intérêt à sérieusement me bouger. Je me suis habitué à vivre seul… Ce n’est pas si bête au fond parce que l’on pourrait dire que de toute façon l’on meurt seul. Je ne crois pas que cela soit vrai. Mais je ne crois pas non plus que la famille soit la réponse à toues ces questions… métaphysiques!
Vivre et mourir sont là où l’homme rencontre, ou non, ou bien ou mal, mais enfin le domaine du spirituel. Dieu nous appelle je dirais même de l’intérieur et quand vient l’heure suprême, après le moment de la naissance, il ne veut pas que nous soyons seuls. Des anges ou des démons nous escortent dans le passage.
Et je sais bien qu’il faut se méfier le plus quand on ressent le plus de besoin de croire. Élémentaire mon cher Watson! Mais je ne parle pas ici de croire mais de savoir et je prétends plutôt qu’il s’agit d’expérience. Pas nécessaire de pavoiser, c’est l’affaire de chacun. Mais on peut toujours parler, il arrive que certains écoutent. Cela pourrait un jour servir…


Vendredi, 31 décembre, le dernier jour de l’année 2010.

Ce n’est pas qu’il faille passer nécessairement dans la nouvelle année dans l’ivresse mais je suis allé me chercher ce qu’il fallait pour ce faire et nous verrons bien. L’ivresse est une tendance animale (bien attestée chez les insectes! …), renforcée par un fait de civilisation et notre sentiment de déclin en est un puissant incitatif !

Ne voulais-je pas devenir un sage taoïste ? En ce cas la question épineuse porterait sur la dépendance à quelque substance. L’alcoolisme n’est pas une vertu acceptée chez les saints. Bizarrement je demeure intimement convaincu qu’il y en a des saints, parmi les alcooliques… Cela serait une intuition, cependant, je m’en rend bien compte, qui serait difficile à prouver.

Mais ce qui m’inquiète pour l’avenir c’est que je me sens tellement faible! J’ai tellement perdu de mes forces et de mon aisance ! Comment pourrais-je me sentir rassuré pour l’avenir ? J’ai transporté mes achats et je me sentais si éprouvé que je m’étais promis d’ouvrir une bouteille, de la vider avant de lui laisser le temps de refroidir… Alors je ne me suis pas laissé le temps de me poser la question de la liberté de boire ou pas.

La St-Ambroise Noire de McAuslan, un riche et délicieux stout à l’avoine, m’a semblé rafraîchissante et désaltérante à souhait… me donnant à penser, ensuite, que penser exige déjà un certain niveau de confort et de désaltérer le cheval après l’effort. J’ai porté mes paquets comme une tête de mule. Alors avant même de boire mes quelques bières exotiques, je m’envoie en douce celles-là, j’en suis déjà à ma deuxième.

Le match a commencé bien plus tôt que je ne pensais. Je n’ai pas joué ce soir pour gagner des millions. Loto Max ce soir se tirera sans moi… Il est 18h15, je reste tranquille chez moi alors que la limite de validation des billets est à 21 heure. Je viens d’entendre à la radio que Maxime Lapierre a été échangé aux Ducks d’Anaheim…

Je vais développer l’habileté de lire à l’envers. C’est la lecture symptomale déjà exercée par quelques bons auteurs. Par exemple, cet acteur, n’importe quel, pourquoi lui? Bien parce qu’il y a un désir de représentation, d’identification projective qui fait un volume de demande et qui trouve ses « proies », si je puis dire, ses « vedettes », disent-ils…

Nietzsche, Heidegger, Lacan, Derrida… Mais un nom dans cette courte liste, m'a fait poser la question, qu’est-ce qu’un bon auteur ? Deux? trois? En fait, je ne me fie qu’à Nietzsche. Il est le plus honnête des penseurs. Il a risqué sa peau pour savoir. Heidegger a joué la mascarade nazie par manque de courage physique et Lacan, Derrida sont des bellâtres, des montrards. Veaux de lait de la société du spectacle.

J’y pense souvent, j’y penserai longtemps, mais en attendant quelque réponse je vis, je m’arrange seul avec ce moment qui s’installe dans ce temps qui fuit et où je me construit la célébration solitaire du réveillon. J’ai passé l’année remarquablement seul. Il me semble qu’il est assez normal que je la termine ainsi. J’ai pris la peine de laver à fond un verre de dégustation (« La Chouffe ») pour goûter cette bière belge forte noire au miel. Je déguste et je vois que cela caresse le neurone fort agréablement. Dès que je pourrai j’irai reporter les bouteilles vides.

Faut-il que je décide de vivre complètement sans boire ? Il me semble que la vie sans planer serait bien triste. C’est une question de santé, simplement. S’il s’avère que la seule formule gagnante est l’exercice régulier avec ascétisme alimentaire plus abstention d’alcool, je le ferai. Mais il me semble que la renonciation à la souplesse, exubérance et inventivité mentale est trop grande, sacrifice trop lourd pour continuer de donner du sens à cette vie-ci.

Barbâr Bok, produit surfait, bière agréable mais sans plus… un peu sucrée, la bière, on sent le miel… Étiquette brune, folichonne… j’aurais du me méfier un peu plus. Riche, j’en prendrais à l’occasion, mais à ce prix je ne vois pas le rapport /qualité. Le choix n’était pas bien grand à cette succursale du quartier. Je l’oublierai bien vite, quoiqu’elle contribue de son 8 degré sur ses 330 millilitres à mon ivresse langoureusement montante.

Euphorie : je suis déjà heureux du fait que je puisse écrire, je veux dire : recommencer à écrire sur mon nouveau perchoir. Voilà quelque chose de significatif pour moi. en fait, je me considère avant tout comme un écrivain. Et même confidentiel, voire caché, cela n’est pas une injure. C’est bien plutôt, au contraire l’écriture prostituée qui me donne mal au cœur.

Je me demandais, entre autres choses, comment laver l’injure de cette bière belge prétentieuse, lorsque je tombe sur ce discours du souhait de bonne année du président français Sarkozy. J’avais le choix entre une bière corse et une grecque, Mythos. Cela sera tout de suite cette dernière. L’idée convient très bien.

À propos de ce président Sarkozy, je crois qu’on doit tout de même lui reconnaître, cependant, le talent de faire rêver. De bons scripteurs lui articulent aimablement quelques importantes idées. Eh oui, la politique, surtout française, est encore platonicienne !

Ne pas interroger seulement le produit mais le processus de production, pas l’apparence mais la demande qu’elle tente de satisfaire. L’apparence d’un sujet n’est pas finie. Ce qui peut être vivant c’est le sujet en tant qu’il est en procès. comme disait Sartre : en train de se faire. Je trouve que la France pensante n’est pas assez respectueuse de l’héritage sartrien, non seulement dialectique, hégélien, mais héraclitéen surtout.

De mon court passage en France j’ai senti que l’on y avait beaucoup de raideurs, difficultés à intégrer la souplesse d’un penser étranger, néanmoins nécessaire car supérieur à l’analytique rationalité cartésienne. Or Sartre est un des premiers et le plus grands de ceux qui ont voulu que la France s’ouvre à la dialectique de l’histoire et du monde.

Cette Mythos est une blonde légère. Elle nettoie l’estomac mais je me cuis des saucisses. Eh oui! il faut bien manger, surtout quand on boit. Fantastiquement heureux de reconnaître que la blogosphère est porteuse de liberté, pour le meilleur et pour le pire. J’ai tout ce qu’il me faut… ou presque. Manque seulement la présence proche, constante d’un amour… mais ! À partir de maintenant il importe de s’occuper de dure, et de produire à doses régulières. C’est faisable.

Mais je sens que je ne suis pas encore assez ignoré pour être tout à fait libre. Je m’en fous, ma position minimale me permet tous les excès. Mais voilà enfin une découverte! Cette bière Corse, Pietra, est une révélation. « À la farine de châtaigne » dit-on sur l’étiquette. Ce goût me plaît beaucoup et immédiatement. Je ne connais aucune bière qui ressemble à ça. Là, je suis certain qu’ils ont trouvé quelque chose.