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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

mercredi 30 septembre 2009

un rêve

J'ai rêvé ce matin. J'étais à un examen vers la fin du collège, classe pleine, atmosphère fébrile, examen de littérature avec une cinquantaine de questions à longs développement. Tous les crayons s'agitent. Étrangement je suis un des derniers à rester dans la salle alors que les autres quittent après avoir terminé. Habituellement je me souviens que j'étais presque toujours dans les plus rapides.

Mais ce sont des questions à développement et j'ai beaucoup à dire. Le professeur qui corrige déjà les copies remises est une figure vague. Une sorte de mélange entre une jeune, toute petite professeure de latin à ma première année de secondaire et de Annette, prof. d'Anglais de secondaire 3.

Chacun doit se lever pour aller chercher les cahiers à remplir avec les questions. Au troisième, je vois un petit carnet qui traîne, oublié par un précédent collègue. Je le mets subrepticement dans la poche (possibilité de tricher?)... craignant d'être aperçu, découvert ?... Mais un bref coup d'œil me montre que le professeur est absorbé dans ses corrections.

Je retourne à ma rédaction enfiévrée alors que les autres continuent de quitter. Un moment on annonce qu'il ne reste que 5 minutes. Il me reste plusieurs questions à remplir. Je tente de couper au plus vite. Au moins laisser quelques mots dans les cinq ou six questions qu'il me reste à remplir. Puis à la toute dernière seconde, alors qu'il ne reste que quelques attardés, qui, eux, ne semblent pas très performants, je tends ma copie, que contre le règlement le professeur parcourt rapidement. Il laisse alors tomber ce commentaire : "À la fin, la perfection. Nous avons ici un 100 % pur écrivain !"

Je me réveille, ravi, mais tout de même un peu inquiet. Mais le temps passe, l'histoire continue de nous passer sur le corps (avec sa grande hache) et la planète roule sur sa boule, nous donnant le tournis.
A rivedercì !

mardi 29 septembre 2009

amours lointaines

je cherche par l'allongement des doigts de l'autre côté de la planète ce que je ne trouve pas ici par aveuglement
l'amour l'AMOUR TOTAL L'AMOUR VRAI L'AMOUR TORRIDE ET SENSUEL LA PASSION PHYSIQUE ET METAPHYSIQUE désir insatiable de sens de vérité de vie
dans la sauvage braderie économique après la déspiritualisation maoïste les religions ne peuvent y pourvoir
les femmes chinoises cherchent à s'évader de ce cauchemar dont elles osent à peine se souvenir la fuite dans l'imaginaire et dans la rêverie éveillée le romantisme est un faible bol d'air dans ce vide ce désir dévorant de vivre un peu de bonheur un peu de sens dans l'enfer totalitaire
les hommes je ne sais pas ils ne m'intéressent pas c'est mon parti-pris bien peu sartrien les chinois ennemis demain peut-être

la Chine accumule les tonnes mais pas seulement de CO2, tonnes et mégatonnes de colère et de frustrations aussi.

lundi 28 septembre 2009

voisinage

Il se passe bien des choses dans le monde. En fait, malgré mon relatif immobilisme il continue fatalement de tourner... pour le meilleur et pour le pire. Tout cela rebondit de diverses manière , brasse et rebrasse. Toutes formes de vie, dont les individus humains, cherchent à prolonger le souffle, le mouvement, le métabolisme, mais aussi dans ce dernier cas, à frayer un chemin et répondre à quelques questions, apprises et/ou fondamentales, dont la question absolument fondamentale du sens.

Frayer un chemin qui ait du sens... et mieux encore, qui fasse sens.

De fait tout vivant humain a comme une sorte de relation avec son époque ressemblant au mariage. Mais dans ce mariage il était d'abord enfant (néant, désir vague quant à l'issue mais vif quand à l'objet-présent, contact, étincelle de vie, bourgeonnement de cellules, embryon embrayant sur le traîneau ovarien (trolley, disait Miller*), puis fœtus et nouveau-né).

Fulgurance du sexe, magie du contact, étincelle allumée, puis longue gestation où l'on apprend l'ennui avant le monde, puis la découverte d'un sombre compagnon, la variation des humeurs, l'écume des jours comme disait l'artiste hyperactif et souriant Boris Vian.

J'ai un nouveau voisin et lui il a de vrais problèmes, aggravés du fait qu'ils se présentent en paquets. Il doit faire face sur tous les fronts. Nous avons un style très différent, profil histoire et attitudes, mais il se prénomme Jacques. Or, je ne sais pas trop pourquoi mais j'ai une tendresse spéciale pour les Jacques.

Je vais au moins tenter de le connaître un peu mieux, de comprendre l'ensemble de ses difficultés, pour voir au moins si de quelque manière je pourrais l'aider. Parce que à côté de lui il me semble que mes problèmes pâlissent, ou ne font pas vraiment le poids.

C'est déjà une sorte de gain marginal qui décentre ma quête du sens.
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* Tropique du Carpricorne, début.

vendredi 4 septembre 2009

moi pas pouvoir

Je ne peux pas abandonner tout à fait l'écriture parce qu'alors me menace l'effondrement dans l'indistinction et dans le vice, la saleté, l'indifférence, la haine sans objet : avide de tous les objets. Je vacille mais je me reprends et je me dis que je dois encore faire l'effort de vivre... une vie qui aurait encore des contours reconnaissablement humains.

Je dois donc encore faire l'effort de ponctuer mon rapport au monde pour contrôler ma respiration, garder mes distances et repérer les coins viables, où encore un peu d'eau et d'air frais permet un moment de survie. Je ne suis pas mort au monde et le monde ne s'acharne pas directement, tout de suite, à ma disparition. Je me sens le devoir, le désir encore, d'assumer cette responsabilité de vivre. Pas seulement libidinal, esthétique aussi, lent gagier, donc connaissabilité avec enjeux épistémologiques.

"Lent gagier", un truc récurrent dans mon écriture. Il signifie que le langage est une relance du pari d'exister, un report du pari sur des lents demains qui chantent peut-être, ou permettent d'exister encore et pourquoi pas mieux ? Le langage relance l'exigence d'exister. Il est in-sistance.

C'est vital. Tant que je pourrai continuer à respirer à la surface de cette planète, ou ailleurs, je serai dans cette disposition de devoir rendre compte ou du moins témoigner de mon expérience de vivre, c'est-à-dire surtout à me heurter aux parois du bocal de l'impossibilité d'une vie vraiment souveraine pour l'individualité quelconque que je suis.

Composer, donc, dans le langage... puis... puisque avec les autres... Mais chaque autre doit faire l'effort de devenir même dans le langage, et lui-même, donc. C'est la puissance contraignante de notre plus puissant instrument, génériquement parlant, qui nous propulse dans une téléologie qui est celle-là même de l'accomplissement et réalisation des virtualités de l'espèce.

moi pas pouvoir moi devoir