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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

vendredi 29 janvier 2010

Horoscope

On me dit que Mars, le guerrier, est confronté au Soleil. Cela me met dans la position d'une bouilloire qui, trop exposée directement à la situation chauffante, n'a pas la ressource de prendre du recul avant d'émettre son jet de vapeur... C'est vrai que je me suis senti un peu (beaucoup) mis sous tension ces jours derniers. Même de pénibles tâches physiques, sales boulots n'ont pas pu épuiser mon énergie.

Le mois prochain, Mars tourne plus favorablement pour moi, mais pour le moment on me conseille de capter quand même le plus possible d'énergie à convertir de manière créatrice. Constructrice, constructive ... Je vais revenir bientôt sur mes bases pour assurer mes arrières a domo.

Un "Tiens!" de sécurité et d'avenir me vaut mieux que deux "tu l'auras" de rêves et d'amour. En passant, je remets en compétition Orchidée du printemps avec Y... Ce sont deux relations qui ne se développent vraiment pas selon le même rythme et qui peuvent être complémentaires. L'une représente l'idéal à long terme, alors que l'autre déploie devant elle un chemin plus praticable et pourra offrir bientôt peut-être un réel débouché.

Heureusement une longue méditation aujourd'hui m'a éclairci l'esprit... et me permet peut-être encore de sauver les meubles ! (À suivre)

vendredi 22 janvier 2010

Gao Xingjian ---La Montagne de l'Âme...

Ce qui caractérise l'esprit du grand peng, c'est que son ambition la plus élevée consiste dans la libération totale de son corps et de son esprit et que, pour cela, il déploie des efforts constants afin de briser le cercle, afin de s'élever toujours plus haut, afin de toujours se rapprocher de l'univers. Telle est la vie spirituelle de Gao Xingjian. Ce qui caractérise sa vie et sa création, c'est sa volonté permanente de s'échapper de la prison qu'impose l'esprit, c'est-à-dire des limites imposées par l'action de l'homme. La Montagne de l'Âme, que l'on peut considérer comme la pièce majeure de son œuvre romanesque, peut être décrite comme une quête de cette fameuse montagne, mais aussi comme l'évasion spirituelle d'un prisonnier spirituel. (...) Au cours de ces vingts années de recherche, a-t-il fini par trouver la "montagne de l'Âme" ? La réponse à cette question n'apparaît pas directement dans son œuvre, mais, à sa lecture, nous pouvons dire qu'il ne l'a pas trouvée, et nous pouvons aussi dire qu'il l'a trouvée. La montagne de l'Âme n'est pas extérieure à nous, elle est en nous. La montagne de l'Âme n'est pas cachée quelque part derrière les chutes d'eau et la brume, elle est au centre de notre âme. La montagne de l'Âme, ce sont ces yeux ouverts qui contemplent le monde et qui nous contemplent nous-mêmes, c'est cette lueur éternelle cachée au plus profond de la vie, et dont il est question dans le dernier chapitre du Livre d'un homme seul. Il faut, pour s'évader de sa prison spirituelle, franchir les murs les uns après les autres. Le dernier obstacle, le plus difficile à franchir, est l'enfer du moi. La vérité exprimée dans cet ouvrage unique qu'est Le Livre d'un homme seul est la voie de salut la plus réele, la plus efficace qui soit, celle du salut par soi-même. Cette voie n'est pas celle du salut universel des chrétiens, elle est celle du bouddhisme chan (zen), celle qui consiste à gagner sa liberté en puisant dans sa seule force intérieure, à vivre pleinement l'instant présent et à s'exprimer pleinement.


Pour décrire en termes académiques le parcours et les choix spirituels de Gao Xinjian, on peut dire, concernant les années 1980 et 1990 dans leur ensemble, qu'il s'est trouvé au début de cette période tel un grand peng emprisonné, et qu'il n'a eu de cesse de "s'évader" du piège qui le retenait. Il est ce grand écrivain dont l'originalité, par rapport aux écrivains contemporains de Chine et du monde, est de revendiquer haut et fort l'évasion, et de refuser l'engagement politique. Il a su non seulement se dégager de l'ombre de la politique, mais aussi de tous les cadres de pensée et de toutes les références spirituelles qui viennent entraver la liberté créatrice. J'ai exposé en détail dans mon livre la façon dont il s'est dégagé de trois cadres dont les écrivains chinois contemporains ont beaucoup de mal à s'affranchir : le cadre de l'orthodoxie politique, le cadre thématique et psychologique du "contexte chinois", enfin le cadre linguistique et stylistique, avec la langue chinoise comme principal outil. Écrire en s'affranchissant de ces trois cadres sans pour autant éluder les problèmes de l'homme en général (et non pas seulement les problèmes de la Chine), voilà ce qu'est une écriture à caractère universel. Gao Xingjian, à travers la pratique de cette écriture, a à nouveau déployé ses ailes pour échapper à des obstacles spirituels difficile à surmonter. On peut appeler cela une évasion des couches profondes de l'esprit.


extrait de "Un oiseau-roc universel, parti de Chine --la quête de Gao Xingjian ; par Liu Zaifu, pp. 35 à 46, in L'ÉCRITURE ROMANESQUE ET THÉÂTRALE DE GAO XINGJIAN, Éd. du Seuil, avril 2006

Entrevue par Denis Bourgeois :
Gao Xingjian : Quand l'écriture vient les sons laissent le champs à des traces universelles. Le travail de l'écrivain consiste à renouer avec ces sons originaires de la langue. C'est une activation des possibilités de la langue. On doit retravailler les mots, et leur ajouter quelque chose de sensible, de personne, pour les revivifier. Ça devient vrai, vivant, mais c'est un autre genre de travail que la peinture.
La langue écrite, c'est comme le cristal de la civilisation beaucoup 0plus délicat que l'image. L'écriture suppose un travail très délicat : on doit en permanence se poser la question de savoir comment faire revivre ces mots morts, muets. Ce qui est important dans ce travail c'est la sensibilité de la langue. Sans cette sensibilité, on tombe dans une écriture académique, qui peut transmettre des connaissances, mais rien de plus. Quelle est la spécificité de l'écriture littéraire ? inspirer cette sensibilité dans des mots morts. À partir de là, on peut parler de musicalité d'une langue. Derrière les phrases, on sent un ton, un souffle vivant.
(..) Tous les grands écrivains ont une quête du réel. Ils apportent involontairement quelque chose de nouveau de par leur volonté d'approcher la réalité. Mais si on fait exprès de créer quelque chose de nouveau, ça devient mort.

- Et comment passes-tu du chinois au français?
Gao Xingjian : - Les structures des deux langues sont tellement différentes. Je suis incapable de traduire mes propres textes mot par mot ou phrase par phrase ; j'y ai renoncé. quand je travaille directement en français, je dois oublier ma sensibilité de la langue chinoise. Pour bien faire, il faudrait séparer franchement : une période pour le chinois, une autre pour le français. La phrase chinoise est très hachée. Quatre mots suffisent amplement à faire une phrase. Tandis que dans les langues indo-européennes, et en particulier en français, les phrases sont tellement langues et enchaînées. En français, la musicalité de la langue dépend beaucoup de cet enchaînement syllabique, des allitération, tandis qu'en chinois, c'est plutôt une question de tonalité, la façon d'articuler les quatre tons. Il n'y a guère de correspondance.

mercredi 13 janvier 2010

Cold outside !

Here in the night, Montreal, it is as cold as the coldest in Beijing nights recently. But you enjoy a dryer atmosphere, still with some dusts, maybe... Here, there is some clouds and from time to time, some snowflake, but they are no more billions...

You are nationalist, you are thinking always in terms and references about the situation in China. Yes you are thinking globally but the core of your attention will still remain centered on situation for the Chinese people seen as whole entity. I respect that. But that is why you will reluctantly leave China, and always with the need to return. For you, national view is the frame of your global thinking...

For me, similar and dissimilar aspects. The fact that I belong to a proud national minority, relatively marginal French speaking community in Northern America alters my view in many ways. I do not have the problem of fending against hegemonian tempations but set aside, I can keep distance with so-called "American" nightmare (1). Why nightmare ? Because it seems so nice from the outside, glamorous images, and so mean, uncontrolled avidity and predatorial passions, so ugly from the inside.

I feel that a proud intellectual can not be so proud of being, like they say, "an American". As Canadian, I am an American too. As a Québécois, I am a French speaking American, and this is very interesting cultural situation to build a bridge with European Union, where French, English and German, with Italian and Spanish, share the stage. Poles, Danes, Swedish... interesting : they learn the three first above mentioned languages.

But if to seduce you I have to become a Chinese, we have to convene that my chances are very slim. At me age, even immersion would not go so far in results to impress you. I took some infos : it would cost me up to 5000$ for immersion stage, intensive course (4.5 hours each day, for one month), in Beijing or Shanghai just to acquire basic knowledge. And I am sure this is worth the trip, wonderful experience, even beside You. But still remain for me delays problem to secure this amount in reserve.

In this winter, so cold outside!, we can only dream, for the moment, to go away, out in foreign countries. Only the rich can fly to south and stay at the sunny beach. But we are rich inside. You are willing to sacrifice your personal happiness to help people in your country. Or more even so : your personal happiness is to help people in your country. So, chances are that foreign love affair appear just like a beautiful dream.

Still, this dream is feasible. Yes, we can do it ! Can we become as One ? We already did, in some ways... Future is not written, desire unites us. When there is a will, there is a way !
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(1) I write "so-called American" because in fact the elites of the United-States have usurped the name for the whole continent to characterize the people living only in the United-States. But this continent, Northern America is shared, really, by three big and great countries, of which Mexico and Canada. In fact, this country, very noisy and turbulent that take himself so seriously, trying to pump to their use the maximum resources of the planet, is a country with no name ! United States of America : is this a name ? Are their citizen called "Satesians"... or "Unitedians"... or even "Unite-Statesians"... You see, absurdity. This country is yet to name... in his own language... Because in your benevolent Chinese language, you gave a name too gentle...

mardi 12 janvier 2010

Li Yu

Il a écrit sur l'art de vivre, l'érotisme, les contradictions du temporel et de la spiritualité, la quête du pouvoir et du statu social étant rigoureusement contradictoire avec le quête de vérité dans l'illumination. Plus que le Molière chinois, il serait un Shakespeare doublé d'un Francis Bacon naturaliste, dramaturge, romancier, poète et philosophe, mais philosophe de la vie, épicurien, dans le bon sens de la vie heureuse, avec une évolution nettement marquée vers la contemplation, praticien et non abstracteur de concepts exsangues. Une telle diversité de talents a-t-elle son équivalent dans l'histoire de la culture occidentale ? Je n'en suis pas sûr. En tout cas, force est de reconnaître que la culture chinoise, cette longue civilisation pas trop souvent interrompue, permet depuis bien longtemps l'éclosion de tels talents, exceptionnels.

J'en veux pour preuve les œuvres "des huit grands maîtres des Tang et des Song", l'expression, reprise par Li Yu, est due à Mao Kun des Ming. Il s'agit pour les Tang, de Han Yu et Lin Zongyuan ; pour les Song, de Quyang Xiu, des trois Su (Su Xun, Su Shi, et Su Che), de Wang Anshi et Zeng Gong. Sous les Qing, on y ajouta Li Ao et Sun Qiao, et l'on eût les Dix Maîtres !

Citation de Li Yu.

"Ce sont les racines qui déterminent la durée de vie de tous les végétaux."

Développement : "Si l'on veut réussir de belles plantations, il faut ne priorité renforces les racines. C'est de vieux paysans et de vieux jardiniers que je tiens la recette pour vivre en bonne santé. Un homme capable de vision à long terme, cherche en tout à être comme la racine d'un arbre, et de la sorte, pluie et rosée ne lui apportent nulle joie, mais gel et neige, nul effroi. Il se tient, fièrement dressé, et quand approche la hache, c'est que le Ciel a fixé son destin, auquel ni cédrel vénérable ni cyprès antique ne peuvent échapper ! Si sa vertu n'est pas vigoureusement plantée et ne vise qu'au provisoire, son corps est une plante grimpante, capable de ne réussir que grâce à d'autres, dressé s'ils sont dressés, jetés à terre s'ils sont jetés à terre. Quand à celui qui vit comme un hibiscus, sans se soucier du lendemain et qui ne sait même pas ce qu'est une racine, allez donc lui parler de leur profondeur, ou de leur épaisseur ! Celui-là est de la catégorie des annuelles... Las! les gens de ce monde doivent-ils avoir la conduite des annuelles, la longévité des arbres, et le progéniture des grimpantes ? C'est une erreur fortuite de la nature, non le traitement normal des hommes et des créatures entre ciel et terre."

samedi 9 janvier 2010

Ordinaire

Je ne cherche pas le trouble pourtant. Contemplatif. Je ne vais pas me plaindre de l'ennui de ne pas avoir de grands problèmes. J'ai presque même évité tous les petits.
Mais je dis que je veux écrire, une histoire sérieuse, construite et vivante, en prise sur le réel de mon vécu social, s'adressant directement à la formation sociale québécoise mais aussi avec portée universelle... C'est beaucoup exiger. Et pour commencer je ne retrouve pas le carnet dans lequel j'avais noté le coup d'envoi, une première narration.
Puis tout va de travers, je ne peux rien faire. La vaisselle s'accumule, je me sens faible parce que je maigris et même mes méditations ne portent plus profit... Mais là, je sais, tout peut revenir et plus fort. Il faut aussi savoir se contenter, ne pas toujours tout vouloir : c'est courir au-devant du malheur.
J'ai différentes choses en commun avec certain sages taoïstes, mais alors, vraiment indigent. "Je"... Yezi me dit de m'occuper des autres.
La peur de manquer, c'est déjà un élément essentiel de la définition de l'homme ordinaire. Celui qui a su, intérieurement, et non pas seulement extérieurement, comme le riche, s'émanciper de cette peur de manquer, celui-là peut déjà se poser comme un sage.
Et tout commence avec l'aptitude dorée : celle de savoir se contenter en tout temps et tous lieu tout simplement de ce que l'on a. Et le vrai sage vit sa vie comme un cadeau perpétuellement renouvelé, il en révère le sacré, les formes changeantes de la divinité ; et parce qu'il apprécie les merveilles de l'expérience, il ne craint nullement la mort. Et parce qu'il ne craint pas la mort, il accueille le cadeau de nouveau, comme l'enfant qui s'éveille à la vie.

Pour me remonter le moral, prendre du champ, du recul : Cette Petite fiche technique: Sur le "Yang" et le "Yin"
Qu'est-ce que le "yang", qu'est-ce que le "yin" ? Le "yang" étymologiquement le flanc de la montagne qui est au soleil, "adret" -- c'et le soleil, le masculin, le lumineux, le solide, le plein, l'impair, l'ascendant, le convexe, le chaud, le puissant, le plus, etc. Le "yin" -- versant de la montagne à l'ombre, "ubac" -- c'est la lune, le féminin, l'obscur, le mou, le vide, le pair, le passif, le descendant, le concave, le froid, le faible, le moins, etc. C'est entendu : ces "concepts" sont tout relatifs et interdépendants, puisqu'ils croissent et décroissent à l'inverse l'un de l'autre.

in Introduction, par Michelle Loi, à Lu Xun : La vie et la mort injuste des femmes, Éditions Mercure de France, 1985, p.32-3.

Hum! Intéressant, car ne voila-t-il pas, venu du fond des âges, une pensée déjà intrinsèquement à la fois rationnelle et dialectique... ce qui nous semble bien, depuis le XIXe siècle, pratiquement aussi impossible que la quadrature parfaite du cercle.
Ceci nous induit à reconnaître que de grands penseurs, à des époques que nous considérons, selon notre perspective comme très reculées, ont su laisser leur héritage : une pensée souple vivante, suffisamment puissante pour fonder une civilisation qui doit durer tous les millénaires qu'ils faudra pour parvenir à une quelconque conclusion.