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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

lundi 23 mars 2009

joie ?

pendant que craquent les vieux cadres de la société vermoulue à travers les souffrances atroces de l'enfantement au mépris des catastrophes annoncées pourtant un monde nouveau vagissant et rutilant achève de naître

il étendra ses membres et profitant de la crise des anciennes manières essaiera ses forces pour sauver le monde et construire un futur viable

il faudra briser les idoles grimaçantes et assoiffées du sang des sacrifices humains

mais pas encore dans la danse assis sur le bord du précipice je m'interroge je sais que c'est le printemps mais je ne sens pas encore la joie

lundi 16 mars 2009

dépression

physique économique psychologique historique ou les quatre ?

petit moment de passage à vide les impossibilités s'empilent les barrages tiennent-ils sur le flot mouvant de l'actualité? difficile de suivre quand je dérape Obama peine à justifier son impuissance à empêcher l'abus qui continue des primes et bonus de 165 millions de dollars aux dirigeants par exemple responsables pourtant de la déconfiture de AIG il s'agit de ceux-là mêmes qui ont parrainné les paris exagérément risqués par les traders de produits dérivés qui ont occasionnés de telles dettes et c'est ce qui a contraint l'état au couteux sauvetage que l'on sait vont-ils finir par la tuer cette poule aux œufs d'or? je dois décider si je vais mettre plein de textes déjà écrits en ligne ici y a-t-il des lecteurs? ou plutôt errants vous arrêtez-vous quelquefois ici pour voir...

sorti en après-midi rendez-vous chez le dentiste il faisait un soleil radieux qui commence à s'occuper sérieusement de la fonte des neiges quand je reviens du centre d'achat sur sallaberry j'aime bien passer par la petite avenue laure conan encaissée entre les rues james morrice et pasteur elle est la première rue au nord de dudemaine laure conan quel pseudonyme savoureux bien senti et bien trouvé par cette écrivaine avant-gardiste dans le XIXe siècle québécois laure une lorette est une jeune femme élégante et de mœurs facile du début du XIXe ainsi nommée d'après le quartier parisien notre-dame-de-lorette son vrai nom félicité angers angéline de montbrun est le premier roman psychologique 1884 de la littérature dite canadienne-française je veux en savoir plus sur elle mais je n'ai pas encore lu ce roman l'air était frais mais j'étais à plat le pensomètre à zéro reste que le printemps s'en vient et qu'il faudra se décider à habiter toute cette lumière

mais on dirait qu'en soirée cela pourrait s'arranger finalement président Obama montre du dépit devant l'obligation de respecter les contrats signés avant les mesures de sauvetage il prend acte de la colère exprimée indignation de l'opinion publique mais le procureur général cherche une manière d'inculper les abuseurs il y aurait fraude des subpoenas sont émis il y aura enquête plus serrée elle a vécu à la malbaie village de 4000 habitants sa tristesse l'enferme dans la religion et la littérature un amour de jeunesse qui aura mal tourné il se dérobe prétextant un vague vœux de chasteté qu'il fallait attendre de voir levé par l'église pierre-alexis tremblay politicien ambitieux qui en mariera une autre en 1870 mary ellen connoly sur une photo elle ressemble à tant de femmes disciplinées rigides au visage sévère qui n'auront connu de l'amour que ses tourments se changeant en douleur sourde et résignation dans la fausse permanence d'une vie statique

le malheur est la chose du monde la plus largement partagée l'amour réussi semble plus rare et même les fortunes s'envolent en fumées mais pendant que les coeurs se lamentent les glaciers continuent de fondre les larmes sont vaines marie-louise-félicité angers dans angéline de montbrun : on cesse de s'aimer si personne ne nous aime et dante qu'elle cite : Amor ch'a nullo amato amor perdona moi aussi j'ai rêvé adolescent de devenir astronaute mais la vie passe et je suis toujours dans la lune

bonjour tristesse !

dimanche 15 mars 2009

personne

J'écris pour ne plus personne. Je ne veux pas dire que je n'écris plus, quoique cela soit vrai par moments. Je ne veux pas dire "je n'écris plus pour personne"... quoique cela soit tout à fait vrai... d'un certain point de vue. En fait, j'écris pour personne. Et c'est le plus simple. À la fois et le plus vrai. Et faux ! À la fois...

Tout le monde est personne et personne n'est tout le monde, pourtant le penseur recherche cette sorte d'attribut dit-on de dieu, l'ubiquité. Il ne s'agit pourtant pas tant d'être, en corps et en présence partout, mais plutôt, en intellect, comme , de voir et de se situer, de manière à voir ou comprendre partout.

Nous avons besoin de penseurs mais on ne veut plus le savoir. Personne, c'est tout le monde, depuis Ulysse qui adopte cet alias pour échapper à la colère de Zeus, père, entre autres monstres, de Polyphème. Le jeu de mot en grec est beaucoup plus éclairant, subtil, car il joue sur une homophonie avec "Odysseus". L'Odyssée et le voyage vers nulle-part.

Personne ne veut être un héros, personne ne veut être un penseur... C'est surtout que personne ne veut faire l'effort de se hisser dans ces positions stratégiques qui décident du sens d'une époque et que c'est par la peur des situations subites, des sensations subies que les décisions se prennent

Donc, j'écris pour personne. Peut-être sont-ils nombreux : ils se reconnaîtrons ! Puis-je espérer ? Je m'en fous. Déconnecté de la vie et à la fois si plein de vie, je ne veux plus rien savoir de toutes ces incertitudes. Y a-t-il une vraie personne dans salle ? Je ne veux même plus le savoir. Je crois que c'est à peu près impossible. Il n'y a plus de personnes, il n'y a plus de vraies personnes.

Pourquoi ? Parce que le monde est foutu, l'histoire nulle et non avenue. Tout cela va se résoudre en un vaste effondrement. Nous sommes au-dessous de tout et surtout de toute vérité.

Privation d'ispéïté ? Nullement. C'est pourquoi personne ne veut être personne, mais tout le monde sait, même l'esclave au fond de son cachot humide, privé de tout sauf de conscience, qu'il est une personne. En proie à l'atroce supplice, au-delà de la simple injustice.

La personne humaine est un modèle pour les anges. Déchus ?

samedi 14 mars 2009

Philosopher à l'ère des catastrophes

Cela n'est pas évident. Dans les époques de calme apparent la préoccupation philosophique, le souci des "grandes questions" passe facilement pour une sorte de maladie mentale et déjà Aristote avait ses théories sur la mélancolie des hommes de génie. Mais c'est une création de la tradition philosophique occidentale que de considérer que l'histoire humaine est une et de bout en bout.

Et vous, n'avez-vous pas l'impression qu'il serait intéressant de savoir à quel bout nous en sommes ? Dans l'époque où nous sommes, celle des catastrophes approchantes et qui plus est, pour ce que nous en savons, catastrophes qui sont de notre propre fait, dans l'étalement massif de notre style de civilisation.

Ni au début, peut-être pas à la fin mais... au beau milieu d'une crise qui est plus qu'une simple crise de croissance, plus qu'une crise du concept même de la croissance : les économistes clairvoyants, comme les écologistes nous disent que la croisssance, telle du moins que nous la connaissons, n'est absolument pas soutenable.

Il n'est vraiment pas exagéré de dire que cette crise, que je croyais jadis être celle de l'adolescence de l'humanité est, plus exactement une crise existentielle où c'est la question de la poursuite dans l'existant qui est posée, soit le mode panique de la question souvent trop "pausée" de l'être. Le thème du tragique, ici, de l'existence humaine dans cette histoire sur cette planète, pas la seule et de loin!, est celui introduit par le génie sensitif que fut William Shakespeare. Mais la traduction qu'on nous propose est édulcorée, elle-même faite à partir du passage original en anglais où la ponctuation est défectueuse, ce qui détruit la radicalité du sens de la question qui est posée. Nous croyons qu'il faille lire :

"Être ou ne pas... mais être!, oui, voilà ce dont il s'agit !" C'est le moment crucial de la décision d'être, largement volontariste, qui voit la naissance du sujet moderne qui selon nous traduit plus nettement le problème posé par l'énoncé anglais à la ponctuation correcte : "To be or not... To be! That is the question".

Il y a plus de trente ans que je me tue, littéralement, à dire que la question qui se pose à cette époque où j'ai eu la chance de naître est une question existentielle de la décision d'être mais pour toute l'humanité, quitte à m'engager dans une vie personnelle malheureuse. (Avec obsession sexuelle mais malheureusement incapacité à communiquer mon désir). Voilà pour la confession personnelle.

Mais aujourd'hui, où nous nous trouvons au-dessous de toute vérité, tant que cette question n'aura pas été nettement posée et en partie résolue, il est tout à fait légitime de dire : je vis ici et maintenant et puisque dans trente ans il est devenu inévitable que s'installe l'enfer sur terre, où ne survivra pas même 10% de la surpopulation actuelle (parce qu'il faut nourrir tout ce monde, alors qu'il n'y aura même plus assez d'eau à boire!) mon plaisir, aussi trash soit-il est la règle absolue de ma conduite.

Cette position de nihilisme subjectif, sous-variante d'un nihilisme actif, est aujourd'hui beaucoup plus répandue que l'on ne pense. Les discours officiels et les institutions perdurantes (c'est leur fonction) excluent l'expression de cette véritable stimmung de l'époque mais ne peuvent rien contre sa dominance. Mes sympathies en passant pour ceux qui trouvent encore la ressource de faire des enfants et de s'en occuper.

Philosopher aujourd'hui, oui mais, pourquoi : pour guider l'action ou pour justifier la destruction ? La seule chose qui m'est certaine c'est que l'on ne s'en tirera pas sans l'une et l'autre.

À bientôt, chers dinosaures.