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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

lundi 27 avril 2009

repos, distances et autres routes

Enfin, j'ai bien dormi. Prendre de la distance. Liberté dans l'emploi du temps. Chance inouïe d'avoir évité les esclavages. Peut-être même je pourrais revenir un peu en arrière sur ce blog et réécrire, compléter l'envol manqué du printemps. Le printemps n'est pas fini. En fait, il commence à peine à faire chaud, ici, au fond de cette bouche ouverte sur l'Atlantique, dans la gorge nordique de l'Amérique. Première journée mais presque d'été. 29* celsius annoncé comme max. aujourd'hui.

J'ai fait ce qu'il fallait. J'ai profité de la coupure d'électricité annoncée pour tout fermer, même éteindre les bougies, et me coucher dans l'obscurité. La coupure fut très brève, à peine dix minutes je crois bien, mais j'ai continué à reposer écoutant la radio très bas. J'ai remarqué que cette très légère tension de l'attention est très facilement trompée et que c'est presque une recette infaillible pour s'endormir. Réveils souvent. Rendormissements faciles.

Alors je me lève dans la lumière du soleil et une nouvelle semaine commence, qui pourrait être resplendissante. J'écoute la poésie de Miron sur cd. Notre Gaston, notre poète national, mais encore inaccomplie, la nation ! Le contentement du repos, le remplissement du sommeil permet de sortir de l'hystérie, fuir un moment cette frénésie où le café bien vite me ramène. "Nous serons devenus des bêtes féroces de l'espoir!"

Nous n'en avons pas eu beaucoup! en tout cas d'aussi "grand". Grand? Oui, une grandeur dans le simple, c'est-à-dire qui atteint la force, la puissance étonnante du simple. Et pas de recette : c'est dans l'épousement de l'expérience et la sensation à peine questionnée de cette existence que s'éprouve la force de l'appartenance, une sorte de propulsion du destin. Il n'y a pas de recette et c'est ainsi que ce poète atteint sa grandeur. Grandeur alors qui lui est propre, sienne, son exacte grandeur, faite en grande partie d'abandon. Laissée comme une marque sur la carte, une borne indiquant la route.

Le poème exècre le volontarisme, le poète meurt de toute posture outrée. Il fuit les acteurs qui le poursuivent et veulent, doivent se coller à sa gloire. Car c'est lui qui forge la gloire, et le feu de ses soufflets, des instruments rougis la transmet. Il crée la lumière dans laquelle nous voulons voir.

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