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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

vendredi 4 septembre 2009

moi pas pouvoir

Je ne peux pas abandonner tout à fait l'écriture parce qu'alors me menace l'effondrement dans l'indistinction et dans le vice, la saleté, l'indifférence, la haine sans objet : avide de tous les objets. Je vacille mais je me reprends et je me dis que je dois encore faire l'effort de vivre... une vie qui aurait encore des contours reconnaissablement humains.

Je dois donc encore faire l'effort de ponctuer mon rapport au monde pour contrôler ma respiration, garder mes distances et repérer les coins viables, où encore un peu d'eau et d'air frais permet un moment de survie. Je ne suis pas mort au monde et le monde ne s'acharne pas directement, tout de suite, à ma disparition. Je me sens le devoir, le désir encore, d'assumer cette responsabilité de vivre. Pas seulement libidinal, esthétique aussi, lent gagier, donc connaissabilité avec enjeux épistémologiques.

"Lent gagier", un truc récurrent dans mon écriture. Il signifie que le langage est une relance du pari d'exister, un report du pari sur des lents demains qui chantent peut-être, ou permettent d'exister encore et pourquoi pas mieux ? Le langage relance l'exigence d'exister. Il est in-sistance.

C'est vital. Tant que je pourrai continuer à respirer à la surface de cette planète, ou ailleurs, je serai dans cette disposition de devoir rendre compte ou du moins témoigner de mon expérience de vivre, c'est-à-dire surtout à me heurter aux parois du bocal de l'impossibilité d'une vie vraiment souveraine pour l'individualité quelconque que je suis.

Composer, donc, dans le langage... puis... puisque avec les autres... Mais chaque autre doit faire l'effort de devenir même dans le langage, et lui-même, donc. C'est la puissance contraignante de notre plus puissant instrument, génériquement parlant, qui nous propulse dans une téléologie qui est celle-là même de l'accomplissement et réalisation des virtualités de l'espèce.

moi pas pouvoir moi devoir

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