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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

dimanche 14 novembre 2010

pour écrire

pour écrire

(propédeutique) proposition je ne veux plus écrire pour me déprimer c’est le plus souvent ce que j’ai fait jusqu’ici l’écriture de la lucidité peut être dangereuse si on crève la poche du désespoir très vite mais aussi à long terme on s’enfonce et on perd jusqu’au goût de survivre par manque d’imagination ou de perspective de libération on devient finalement tout à fait incapable de se sauver maintenant bien sûr ce n’est pas la lucidité en tant que telle qui est néfaste que la façon de composer avec elle si elle nous écrase si nous ne pouvons pas réagir à temps nous sommes foutus pour écrire il faut aimer la vie se sentir en mouvement enthousiaste affirmatif il faut la joie et être relativement confiant en l’avenir en la chance en possibilité encore en réserve dans les nouveaux développements de la vie

pour écrire il faut être autrement plus gonflé pour être auteur il faut s’autoriser de soi-même il faut en avoir être prétentieux narcissique mais aussi bien riche et complexe affirmatif prolifique il faut vouloir jouer à Dieu le Père comme dit Yezi aussi il faut être optimiste tout ce temps je projetais sur elle mes humeurs et interprétais ses écrits en effet sibyllins et en plus écrits en chinois comme tragiques tristes désespérés c’est mon propre malheur que je voyais sur ses lettres caractères que pourrais-je lui dire maintenant alors que je frise à nouveau les bas-fonds du désespoir peut-être seulement que j’ai transféré sa photo d’au-dessus de mon lit où elle veillait sur mes méditations mon sommeil mes rêves à la place sur mon bureau à gauche de l’écran derrière l’échiquier de marbre où elle veille dorénavant comme un miroir infidèle à mes travaux des jours et des nuits mais d’écriture et d’efforts de lumière et de conscience de déesse nocturne elle est devenu la fée diurne pour inspirer les productions du temps enfin du reste de mon temps le mien personnel et subjectif imbriqué quelque part dans le grand glissement collectif que l’on nommera l’histoire mais celle-là méconnue encore et en train de se faire donc je veux lui dédier maintenant surtout les efforts consacrés à la lucidité pour trouver une manière plus noble ou belle glorieuse ou efficace productive et digne de m’en accommoder

la conscience pourrait-on dire est un sous-produit de l’activité du corps mais elle est produite comme une interface unifiant les connexions au monde ambiant d’un imaginaire qui veut y imprimer sa marque Habiter sur terre, être un corps signifie déjà, d’une manière ou d’une autre vouloir changer le monde. L’écrivain peut s’efforcer de comprendre cela dans son travail aussi bien que l’artisan ou l’amoureux. Car en même temps la conscience est la réalité émergente du sujet et lui permet, si elle ne se constitue pas en problème ou, pire, en obstacle, de coordonner, diriger, décider stratégiquement intensifier son action sur le monde humain en tant que social et histoire, univers en tant que cosmos

j’ai de la difficulté à me maintenir au sommet du volcan avec tout ce stress bouillonnant sensation de débordement insupportable angoisse du choix mais à chaque instant cela me brûle et pas seulement la plante des pieds tout le corps s’exalte et cherche à fuir dans la torpeur et le sommeil dans l’alcool et autres artificielles excitations fuir dans des spectacles dégradants ou non pour écrire il faut s’attaquer en priorité à cette difficulté-là aussi qui intervient inopinément et au plus mauvais moment qui serait précisément celui de prendre son envol c’est que je me laisse gagner par cette nervosité qui est bien de l’époque alors l’on constate que tous les mouvements principaux qui ont marqués le vingtième siècle s’achèvent sur un constat d’échec alors ce n’est pas seulement la nervosité d’une accélération événementielle mais elle se double du sentiment d’être profondément enfoncés dans l’erreur sans encore savoir ni voir bien clairement comment on pourrait bien faire pratiquement pour s’en extirper c’est une nervosité donc qui confine au malaise et peut verser facilement dans la maladie physique ou mentale la névrose donc voire pire la psychose péter les plombs le danger qui augmente et fait pression sur beaucoup de destins

la méditation pour ordonner les énergies et calmer le jeu mais regagner aussi de haute lutte mais lente introspection une hauteur de vues qui ne peut s’enraciner que dans une certaine sérénité de l’esprit qualité qui s’obtient en calmant les outrances et vagues du mental et puis en plus tâcher de savoir un peu plus clairement finalement écrire pour quoi écrire pourquoi ? pour produire du sens pour que la vie ait un sens ou par une subtile alchimie purifier cette âme des scories et modifier les conditions de cette vie impartie de telle sorte que la joie demeure comme la force majeure

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