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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

dimanche 15 mars 2009

personne

J'écris pour ne plus personne. Je ne veux pas dire que je n'écris plus, quoique cela soit vrai par moments. Je ne veux pas dire "je n'écris plus pour personne"... quoique cela soit tout à fait vrai... d'un certain point de vue. En fait, j'écris pour personne. Et c'est le plus simple. À la fois et le plus vrai. Et faux ! À la fois...

Tout le monde est personne et personne n'est tout le monde, pourtant le penseur recherche cette sorte d'attribut dit-on de dieu, l'ubiquité. Il ne s'agit pourtant pas tant d'être, en corps et en présence partout, mais plutôt, en intellect, comme , de voir et de se situer, de manière à voir ou comprendre partout.

Nous avons besoin de penseurs mais on ne veut plus le savoir. Personne, c'est tout le monde, depuis Ulysse qui adopte cet alias pour échapper à la colère de Zeus, père, entre autres monstres, de Polyphème. Le jeu de mot en grec est beaucoup plus éclairant, subtil, car il joue sur une homophonie avec "Odysseus". L'Odyssée et le voyage vers nulle-part.

Personne ne veut être un héros, personne ne veut être un penseur... C'est surtout que personne ne veut faire l'effort de se hisser dans ces positions stratégiques qui décident du sens d'une époque et que c'est par la peur des situations subites, des sensations subies que les décisions se prennent

Donc, j'écris pour personne. Peut-être sont-ils nombreux : ils se reconnaîtrons ! Puis-je espérer ? Je m'en fous. Déconnecté de la vie et à la fois si plein de vie, je ne veux plus rien savoir de toutes ces incertitudes. Y a-t-il une vraie personne dans salle ? Je ne veux même plus le savoir. Je crois que c'est à peu près impossible. Il n'y a plus de personnes, il n'y a plus de vraies personnes.

Pourquoi ? Parce que le monde est foutu, l'histoire nulle et non avenue. Tout cela va se résoudre en un vaste effondrement. Nous sommes au-dessous de tout et surtout de toute vérité.

Privation d'ispéïté ? Nullement. C'est pourquoi personne ne veut être personne, mais tout le monde sait, même l'esclave au fond de son cachot humide, privé de tout sauf de conscience, qu'il est une personne. En proie à l'atroce supplice, au-delà de la simple injustice.

La personne humaine est un modèle pour les anges. Déchus ?

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