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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

vendredi 12 juin 2009

Ironie de l'histoire

Je prends l'exemple de Hitler... encore ! Le régime nazi a perdu la course aux armements par déficience de l'innovation technologique, elle-même provoquée par la fuite des savants juifs : les cerveaux en pointe dans les domaines stratégiques, dont les débuts de la recherche sur la fission de l'atome...

Mais que serait un régime nazi sans haine des juifs ? Le racisme était réellement le dogme régnant et aveuglait aussi les dirigeants ! Ainsi, avec le recul, pourrait-on dire que l'échec ultime du projet de domination du monde était comme programmée dans l'oeuf.

Ironie involontaire. La Ruse de l'Histoire que traquait Hegel est la marche d'une grosse machine, mais délicate, subtile, très complexe, qui ne se soucie pas du détail : le bonheur des sujets, par exemple. Celui qui décide prend pire, le plus souvent.

Parce que l'entendement aux prises avec les exigences de l'action n'arrive pratiquement jamais à embrasser la foule des facteurs pertinents et à les intégrer, hiérarchiquement, dans une image du monde compréhensive et ajustée à l'entremêlement du proche et du lointain, des questions fondamentales, générales et locales, les gros détails, l'urgence première.

Le paradoxe de la Raison dans l'histoire étant que lorsque trop pressé, l'entendement ne peut se décoller pour choisir sereinement l'action, l'attitude, la trajectoire, la conduite la plus "performante"? La plus pertinente. Mais lorsque le temps de l'urgence n'est pas encore venu, le confort de la situation n'incite pas à prévoir la survenue des problèmes, donc à éviter les crises.

Maintenant, imaginons une bombe A nazie en... disons... 1943 ! Cela donne la destruction de Londres, l'occupation de l'Angleterre et le refus des Américains d'entrer en guerre pour l'Europe : ils se contenteront de sauver leurs fesses à l'est en concentrant leurs moyens sur la défense contre l'agression japonaise. Mais les deux principales puissances de l'Axe s'entendaient et ce qui devient possible, c'est l'univers alternatif imaginé par P. K. Dick dans Le maître du Haut-Château.

Un monde entièrement différent où, par exemple, il n'y a plus de problème de famine africaine parce que les populations noires ont été éliminées, une partie de l'Afrique vitrifiée. Un monde assez instable, d'ailleurs, recherchant difficilement un équilibre écologique, celui du cauchemar nazi devenu réalité.

On peut sans doute considérer que notre monde actuel est un peu meilleur, au moins parce que si les mêmes problèmes climatiques, par exemple, peuvent s'y poser, ils se produisent 40 ou 50 ans plus tard. La chance de mieux s'en sortir ? Peut-être, mais c'est encore à voir !

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