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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

vendredi 23 avril 2010

Monsieur Nietzsche

Nietzsche est le meilleur, celui qui manque même aux Chinois ! En fait il manque presque à tout le monde et même à moi des fois! C'est l'un des plus grands sages taoïstes mais pas seulement. Grand sorcier mais entre autres choses, comme en passant. Il dépasse la sagesse du bouddhisme, il s'élève au-dessus des conceptions de presque tous les plus grands sages de l'Inde, y compris les anciens rishis de l'âge (pré)védique. Même Aurobindo, quelque part, l'aura mal compris.

Je le redécouvre encore une fois ce printemps dans un moment de détresse. Vite envolé à son contact si puissant est son charme magique ! Encore une fois il me permet de me remettre à rêver À PARTIR DE LA NÉCESSITÉ !!! C'est ça qui est fort !

Je donne rapidement quelques exemples :

"Le nouveau sentiment de la puissance: l'état mystique ; et le rationalisme le plus clair, le plus hardi, servant de chemin pour y parvenir. La philosophie, expression d'un état d'âme extraordinairement élevé." (V.P., IV, #583)

"Toute création est communion. Le penseur, le créateur, l'amoureux sont un. (Ib. #596)

"L'unité du créateur, de l'amoureux, du chercheur, dans la puissance." (#597)

"La grande synthèse du créateur, de l'amoureux, du destructeur." (#598)

"Dès que l'homme s'est parfaitement identifié à l'humanité, il meut la nature entière." (#644 et dernier!)

Et combien de dieux nouveaux sont encore possibles! Moi-mêmes chez qui l'instinct religieux, c'est-à-dire créateur de dieux, s'agit parfois mal à propos, de quelles façons diverses j'ai eu chaque fois la révélation du divin!... J'ai vu passer tant de choses étranges, dans ces instants placés hors du temps, qui tombent dans notre vie comme s'ils tombaient de la lune, où l'on ne sait même plus à quel point l'on est déjà vieux, à quel point l'on redeviendra plus jeune... Je ne saurais guère douter qu'il y ait de nombreuses variétés de dieux... Il n'en manque pas qui semblent inséparables d'un certain "alcyonisme", d'une certaine insouciance. Les pieds légers font peut-être partie des attributs de la divinité... Est-il nécessaire d'expliquer qu'un dieu se tient de préférence à l'écart de tout ce qui est prudhommesque et raisonnable et, entre nous soit dit, par-delà le bien et le mal? Il aime les vues dégagées, pour parler comme Goethe. Et s'il faut invoquer à ce propos l'autorité inestimable de Zarathoustra, disons qu'il va jusqu'à avouer : "Je ne croirais qu'à un dieu qui saurait danser..."
Encore une fois, que de dieux sont encore possibles! --Zarathoustra, sans doute, n'est qu'un vieil athée; il ne croit ni aux dieux anciens ni au dieux nouveaux; Zarathoustra dit : "Je croirais..., mais il ne croira pas... Comprenons-le bien...
Dieu conçu sur le type des esprits créateurs, des "grands hommes". (#580)


Supposons que notre civilisation dût se passer de la piété, qu'elle ne pût plus la produire d'elle-même. Il lui manquerait une certaine résolution, un certain apaisement intérieur et définitif. Esprits plus que jamais belliqueux et aventureux! Les poètes ont encore à découvrir les possibilités de la vie, tout le monde sidéral s'ouvre à eux, et non une Arcadie ou une vallée de Campan; nos connaissances sur l'évolution animale autorisent des spéculations infiniment audacieuses. Toute notre poésie est si mesquinement, si bourgeoisement terrestre; la grande possibilité d'une humanité supérieure fait encore défaut. Ce n'est qu'après la mort de la religion que l'invention du divin pourra reprendre toute sa luxuriance. (#581)


Voilà sur la religion de la créativité qu'il y a chez Nietzsche, mais encore plus AVEC Nietzsche ! Maintenant, sur la solitude et le sens de la souffrance individuelle:

(à venir)

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