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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

mercredi 3 mars 2010

Désert

Mais le soleil insiste, le printemps est en bon chemin, la neige va achever de fondre. Je vais sortir mon vélo. Nous avons encore survécu un hiver !

Ces jours-ci, ce mois-ci, je ne fête pas, en fait, car c'est un amer anniversaire. Cela fait 10 ans que je n'ai pas touché une femme. Bien oui, sexuellement, je veux dire. Notez que pour autant je ne me suis pas privé entretemps d'éjaculer, plus ou moins irrégulièrement. Je dois dire que sous cet aspect, l'appareil fonctionne normalement. Cela m'inspire quelques réflexions.

Mais oui, bien sûr, je suis d'un abord difficile, le plus souvent très timide, avec une nette tendance à l'isolement, à l'attitude dominante introvertie, évitante souvent, avec de longues périodes anti-sociales. Je me complaît dans ma solitude. C'est vrai.

Mais je peux être aussi séduisant, avec des journées de sourire. Je n'ose pas trop pousser ma chance mais quand je sors dans de bonnes dispositions je vois assez facilement se multiplier les signes positifs, presque invitants. Je pourrais tenter d'aborder et de parler aux femmes qui ne semblent pas toujours si mal disposées à mon égard. Mais simplement sur la foi d'une apparence à distance.

C'est quand je me rapproche que la peur s'installe : "Oups! (se disent-elles) ici on a affaire à un marginal! Attention!" Le conformisme instinctif, si fort particulièrement parmi la gent féminine, s'alarme et la réceptivité diminue très rapidement. Ce gars-là n'est pas normal !

Ben non, cela fait trop longtemps que j'ai eu des rapports détendus, confiants, relax, une bonne communication affective, jusques-et-y-compris des rapports sexuels normaux avec des femmes ! Bien sûr que je ne suis pas normal ! Je suis même pauvre ! Ce qui n'est pas pour arranger les choses !

Non seulement je ne suis pas riche, mais en plus je suis mesquin, radin, près de mes rares sous, très économe. Donc pas vraiment fréquentable dans une société de consommation. Cela devient le facteur le plus lourd quand nous vivons dans cette période du capitalisme sénile, en décadence avancée, sous la dictature de l'image dans la société du spectacle.

Le profil du consommateur y est le plus immédiatement sensible à l'attention discriminante. Je ne suis pas "look high class". Anyway, fuck you! Je suis heureux de pouvoir me contenter de peu. Matériellement s'entend, parce spirituellement je ne me contente que du meilleur : dans les domaines intellectuels et artistiques. Et je méprise toutes ces larves dites humaines au moignon d'esprit englué dans la matière.

Je ne me sens aucune fidélité envers cette société, qui permet la dégradation de telle situations personnelles. Mais en même temps je profite perversement de cette liberté d'indifférence. On m'a depuis longtemps laisser tomber entre les mailles du filet et des réseaux sociaux. Je me rattrape comme je peux, avec des périodes fastes, d'autres nettement plus difficiles.

Je n'ai aucune allégeance à cette société corrompue, presque entièrement et je trouve que c'est dommage. Qu'y puis-je ? Je pourrais bien sûr tenter des efforts pour tâcher d'améliorer un petit peu au moins un petit coin de l'univers, celui où le hasard, sinon la nécessité, m'a parachuté. Mais qu'est-ce que cela me donnerait, à part bien de la peine ? J'avoue que je suis un peu, des fois beaucoup... très paresseux. Puis je préfère concentrer mes efforts sur l'écriture, mes quelques plaisirs, de lecture etc. Meubler mon temps : il est libre ! C'est ma très grande richesse. Meubler mon temps de la manière pour moi la plus agréable.

Eh bien, le croiriez-vous, à ma manière, je suis heureux ! Puis je travaille, dans l'ombre, à ma manière encore à l'avènement, peut-être, d'un monde meilleur.

Bon sommeil à tous, dormez bien.

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