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Littérature pour conjurer le trouble, le vertige de cette explosion ! oui !! virtuellement infinie d'images, (nous sommes tous des crapules) pour retrouver un fil conducteur (Ariane!--Au secours !!) dans ce labyrinthe de nos défaites. Que la fête à venir ne soit pas pour oublier le mal mais pour illustrer nos victoires ! ... P.S. : Je vous aime !

Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombrelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Rimbaud, Arthur

mardi 6 juillet 2010

Making smaller circles

This concept of Making Smaller Circles has been critical component of my learning process in chess and the martial arts. In bot fields, players tend to get attached to fancy techniques and fail to recognize that subtle internalization and refinement in much more important than the quantity of what is learned. I think it was this understanding that won me my first Push Hands National Championship in November 2000, after two year of Tai Chin study. Surely many of my opponents knew more about Tai Chi than I did, but I was very good at what I did know. I had condensed my body mechanics into a potent state, while most of my opponents had large, elegant, and relatively impractical repertoires. The fact is that when there is intense competition, those who succeed have slightly more honed skills than the rest. It is rarely a mysterious technique that drives us to the top, but rather a profound mastery of what may well be a basic skill set. Depth beats breadth any day of the week, because it opens a channel for the intangible, unconscious, creative components of our hidden potential.

Josh Waitzkin The Art of Learning - A Journey in the Pursuit of Excellence, Free Press, 2007, p. 123.

dimanche 27 juin 2010

23.06.2010 Note dans mon carnet

Je pensai m'arrêter au même endroit (Square Athéna), un point de repère dans mon roman), mais j'ai n'ai pu résister au jet d'eau dans ce Parc, Jarry, je crois. C'est magnifique! Elle m'arrose présentement, cette fontaine qui jaillit à plus de trente pieds dans le ciel! Si bien qu'il faut que je lui tourne le dos pour pouvoir continuer d'écrire ceci.

Je suis en route vers le centre-ville, vers la Grande Bibliothèque à vélo et il fait meilleur sur le chemin que chez moi où mon apart surchauffé sous le toit. Voilà un moment que je n'étais pas sorti. Il me faudrait le faire plus souvent. Devant un massif de jonquilles, aussi composé de petites fleurs et de plantes à grosses têtes vertes, il fait bon prendre un peu de frais en cette fin, même un peu humide, avec ce régal pour les yeux, et oui! un peu partout aux alentours.

Amour, on dirait que la vie des femmes qui n'ont pas trouvé de mari ou qui l'on perdu, séparé, divorcé, ou qui n'ont pas de famille, se passe dans l'attente continuelle, aux aguets, dans l'espoir, peut-être, que ce garçon les aborde, dans le rêve éveillé ou la résignation, si elles sont déjà casées mais malheureuses, enfermées dans leur cuisine.

Mais l'intellectuelle n'est pas seulement désir, ni donc dépit ; et qui apprécie les arts communique à la beauté à une vitesse hyperindividuelle et apprécie la nature sous plusieurs aspects u dans plusieurs de ses dimensions. Attendre le bonheur n'est pas la Voie. Soyons heureux maintenant même si nous ne pouvons pas nous voir, encore moins nous toucher...

Un amour sans paroxysme? Cela serait vouloir durer toujours. Mais nous sommes mortels et nous devons consentir, quelquefois, aux explosions qui apportent tellement de joies, dans les bons moments, tellement de jouissances! Bon, alors, flotter sans paroxysme... Oui mais toujours haut ; sans grands malheurs non plus ni dépression qui nous conduirait au désespoir. Nous sommes en chemin, chérie, peut-être, de nous trouver. Cette fontaine me ait grand plaisir mais il me faut continuer ma route.

(un peu plus tard) Je suis parvenu au Carré Saint-Louis vers 16h30, beaucoup plus près de mon objectif. La pente, descendante, rue St-Denis est vraiment agréable a vélo et le vent apporte en plus un peu de fraîcheur. Il fait 24 ou 25 degré Celsius. Chez moi c'est 32 mais j'ai un ventilateur. Je me trouve bien mieux à l'air libre que dans mes quartiers : prison choisie, peine légère.

C'est de plaisir que me vient l'envie de boire une bière. Mais il me faut d'abord passer par la bibliothèque o;u je dois rendre le dictionnaire Anglais-chinois/Chinois-anglais. Je suis allé au maximum des trois renouvellements, ce qui fait 12 semaines en tout (incluant les trois premières). Oxford dictionary, dont j'ai copié un aspect sur mon disque dur. Au soleil, aujourd'hui et maintenant je me dis : c'est maintenant que l'on est heureux ou alors on ne le sera jamais.

jeudi 24 juin 2010

Amour amour, je ne suis pas un ange

Quelquefois il faut penser à satisfaire sa joie de haïr. L'amour, c'est beau. Les doux sentiments, admirables. Mais la vérité réclame un meilleur sort. Je si très heureux que les tricheurs Italiens aient mordu la poussière, comme aussi les Français dont la prestation minable, vraiment méprisable est à l'image d'un pays qui sent avoir perdu son influence internationale.

Les tricheurs mafieux, d'Amérique ou d'ailleurs affectent notre vie citoyenne de mille et une façons. Ici, au Québec, c'est ce scandale, couvert par Charest, de l'octroi des contrats dans la construction, manipulé en faveur des amis du régime mais aussi criminels : blanchiment d'argent des produits du crime, du trafic de la drogue, des femmes, des armes s'en donne à cœur joie et fait gonfler la note épongée publiquement en déficits récurrent.

Il y a aussi ce scandale étonnamment peu discuté du gaspillage de la Caisse de dépôts, qui peut décourager vraiment les gens de travailler dur pour leur retraite perdue.

Les tricheurs Américains, on les connaît, dopés de toujours, stéroïdes etchétéra. Les tricheurs Italiens sont ici aussi avec leurs mafias. Les Russes, qui ont vidés les coffres de l'ex-URSS (destruction de la population russe, malheur à grande échelle), les Asiatiques nous envahissent.

Bientôt les triades chinoise réussiront à s'implanter ici, et si les citoyens moutons continuent de voter endormis, nous nous réveillerons, ou pas, sous une abjecte dictature qui taira son nom.

Voici, maintenant, c'était mon billet politique.

Mafia de tous les pays, unissez vous! Hu Jintao, Berlusconi, même combat: une poignée de familles qui volent le fruit du labeur des masses d'honnêtes travailleurs mais pourquoi toujours si mal payés !??

Le sport n'est qu'une vitrine ouverte sur le cloaque abject du monde de toutes les pourritures. Corruption!? À l'os!!!

Jack

lundi 21 juin 2010

solstice

21.06 thinking further I find now that searching only for perfect love is a grave mistake that prevent success in finding real good love I part once and for all from this mistake now that shows too much pride maybe and I am still very sorry that I can not help some special person I loved so much who seems forever entangled in tragic problems standing for absolute is a dangerous task wrong for practical means I acknowledge that nothing is perfect on this earth thinking otherwise is dangerous if not foolish I see better now and I will abstain from that kind of mistake in future because actual love needs understanding in depth in human nature and not only and exclusive and grandiose illusions ideal attitude is lethal when pushed to the extreme now my lord God I ask you give me a sweet baby nice girl to love that she could open completely for me that I will be able to understand her very deeply so I could love her with the bottom of my heart and help her in many ways to improve in her shortcomings defects or any weaknesses so I could help her to heal injuries from the past and enhance confidence in herself that we could together foresee better future and she will be truly mine as I will be hers for that to come I thank you God oh! mysterious you said and even kept posted for a long time that this solstice would be surely better than the precedent yes it is better but now just because I escaped your dangerous spell life goes on and sometimes feels like every day is a new life to experience and enjoy in time kingdom of a child!

From Lao Tze - Dao de Jing

24. Indulgence
Straighten yourself and you will not stand steady;
Display yourself and you will not be clearly seen;
Justify yourself and you will not be respected;
Promote yourself and you will not be believed;
Pride yourself and you will not endure.

These behaviours are wasteful, indulgent,
And so they attract disfavour;
Harmony avoids them.

http://www.chinapage.com/lz24.gif

samedi 19 juin 2010

solstice

since the miserable performance by france the show of football have lost all luster for me this may be good for evolution of little girls but have you seen those men plunging in quest of a free kick generously awarded stumbling and falling just in case having been touched maybe by opponent for the possession of the ball I am ashamed for them and for referee that too rarely call the fault of plunging because serious intention judgment and should draw the yellow card anyway sun is showing again this morning after nearly shortest night but it will rain tonight storm announced for the end of the day I am supposed to bring bicycle to inspection check-up fine tuning and I would make my friend benson my executor I go to chinalovematch barely now just to see occasional messages or some kiss but economical impotency leave a sour taste I thought about casting out this whole china affair but as the world whirling can not change this is important cultural adventure plus some mystery exploration not in a hurry tough for those characters 汉字 resisting my dispersed attempts in learning immersions would be the best learning situation intense short period of time with definitive gains for as long as I could dream that time was on my side almost nothing seemed bloody serious after all how could I regain this ingenuity now? if not of course by the virtue of a new love not erasing precedent sheets in the novel of my life but writing new chapters I continue work of mourning in these writings is there a new jacques awaiting at the end of this period? why not? am I not old enough for maturing? as two bad seasons wont erase the good one kept in memories for future purpose not to prevent cleaning the mind for fresh air new tune hearing in good mood new waves discovering like anew another nice being you want absolute love also?! ooh! that would take some time

bathing into sunshine on balcony I watch new buildings in construction where I am going to live next season autumn some of cheerful memories associated with orange yellow colors in my mind and I do not wonder why just watching the game also orange men netherlands just scored a goal against japanese good defending and acrobatic goalkeeper sneijder in the 53th jean ferrat signing in french nice song of hope in love at the radio "la femme est l'avenir de l'homme" woman is the future of man lyrics goes that way: tout dans le couple va changer d'une manière irréversible le poète a toujours raison qui voit plus loin que l'horizon et le futur est son royaume face aux autres générations je déclare avec aragon la femme est l'avenir de l'homme here simple translation: life in the couple will change for good and definitively poet is always right who sees farther than horizon and future is his kingdom facing other generations I declare with aragon woman is future of man yeah! new life is in order in a new place bringing in old memories but no ancient bad mood ther is still enough resources energy and health in me to bring to life new inspiration and better accomplishments I might even take a regular job! zen attitude today everything seems to be going better in full sunny daylight I read sollers le voyageur du temps bernard werber le miroir de cassandre la rencontre roman érotique by françoise rey les boîtes de ma femme by korean author eun hee-kyung

in the afternoon the rain has cleaned the atmosphere bringing fresh air I made me a gorgeous omelet for diner with three eggs sauerkrout spices olive oil milk and cheese I didn't had breakfast only tea to shake nervous system but soon after dinner I became very tired and sleepy went in bed first listening some radio but soon fell asleep lightly for nearly two hours I went up this morning very early at 5h30 after not enough good sleeping time when awakening this afternoon around 4 I sensed penis half erected just physical normal reaction fading out and thinking of nobody after few minutes I can think again and read more books so didn't went to offer my bicycle to inspection searched the internet to see that depopulation in russia amounted to 5 millions less in 2007 compared to 1992 and expected to decline further but slower in coming years well under 145 millions for so much land low density heavily polluted though mafias and authoritarian state don't care about poor people smuggle bad vodka and worst now dropping in population stabilized but this country exporting women can't regain pride and growth apart from economic so-called profits mainly from oil and natural gas massive human failure this mismanaged turn of events 180 degrees from precedent regime from centralized managed production to fully chaotic liberalized market economy but hungry again at 9 I have to think to prepare supper notwithstanding historical tragedy hitler would have been delighted who tried to reduce this once strong people into slavery but western world should mourn this catastrophe because there will be a price to pay and europe also is weakening now

vendredi 18 juin 2010

solstice

solstice this is like daylight wall to wall I have trouble in my soul and my mind isn't clear as all day some heavy weight has strengthen his fist wrapping around my heart I think that maybe soon I am going to die while it would be so nice to live but with this evading love this love which had my heart broken first serious crack happened at the other solstice winter with long nights those have invaded my heart if sometimes I felt weak I wasn't so much but felt heavily particularly at that moment with huge solar eclipse sometimes doubting and vacillating but nevertheless encouraged on long longing path for a new life with hope in spring the rite with bloody sacrifice now I am weak and don't even know how I feel if I survive this solstice I will not erase memories but this mood I must maybe I will try to play this game try to continue with other players the game I could not continue with You but rules will change not only circumstances feelings will change and it will not be the same game at all such was so serious that I almost lost my mind and all my senses when huge knife of jealousy splat my heart in two parts two part to suffer the same pain of this serious injury now I regain my quarters on bicycle here I came in city library to borrow some books and I will drink and I will write pretending to be happy but when I look into mirror I am afraid what I see the face I show by those heavy days full of winds and some rains and often full of sunshine I can't escape all this light and burning rays Apollo pursue my poor being with his vengeance but for what sin? and this is so hot in my place under the roof when the sun insists so I have to move my sorrow away or starve there if I die please burn me to hashes give it to the wind give it to the river and give my books my wells to the poor for there is a hole in my heart since you are gone would had it be better if I never knew You? this I will never know love is a cruel game and sex folly this day will never end it seem nor my sorrow cao qi tried to explain to me that we should not aim to possess those angels and keep for ourselves those are helping hands belonging to everybody to admire and praise I will try to help some others chosen beloved just to be good to earn and prepare better karma bo your waves are tentative and need amplified thoughts and cares life goes one as we said but love is not always everywhere and so often denied and hidden shy or dominated alienated angels are for everybody not for me fallen

vendredi 11 juin 2010

Coupe du Monde 2010

La Coupe du Monde commence en Afrique du Sud. J’ai manqué le début du premier match mais il paraît que les Sud Africains se sont montrés intimidés en laissant jouer les Mexicains. De ce que j’ai vu en fin de première demie ils faisaient un peu plus jeu égal. Les juges de lignes sont à cheval sur les hors jeu. C’est ce qu’il faut et en précision, mais de manière consistante.

Ils marquent avant la soixantième minute sur une contre-attaque rapide. Les Mexicains devront forcer le jeu. Ils me semblaient inertes, incapables de générer des menaces sérieuses, ils ont effectué tous leurs changements, tentant de secouer l’équipe, mais juste comme je me proposais d’écrire ceci ils marquent sur un coup de pied de coin joué court, rapidement, la défensive SudAf prise complètement par surprise. Les Mexicains semblent maintenant la seule menace réelle sur le terrain. Retournement rapide, intéressant. Les Sudaf enchaînement les fautes maintenant. Ils jouent l’arbitre et cela ne marche pas. Ni d’un côté ni de l’autre. L’arbitrage me semble beaucoup amélioré.

Une longue passe a donné une nouvelle extraordinaire occasion et Parker a tiré sur le poteau, au bout d’une longue course. Le match nul favorise la France. S’ils gagnent tantôt contre l’Uruguay ils sont nettement en avant. Mais ne connaissant pas les équipes, j’avais choisi les Mexicains a vu de leur parcours en qualif : impressionnant. Mais la défense mexicaine est lente.

L’Important maintenant, le match d’aujourd’hui, c’est de voir ce que fera la France dans sa première sortie et cela se passe en après-midi contre l’Uruguay. Concernant ce match j’avoue me placer en position complètement subjective : je suis un partisan de la France, en football comme en bien autres choses… Alors je laisse les experts gloser, les mécontents, dont les Irlandais, critiquer la tricherie française (la fameuse main de Henry!) et je me contente de suivre avec ferveur et espérer pour mon équipe.

Les Bleus sont en blanc ! Visiteurs, incidemment. Tirage au sort, le capitaine Uruguayen choisit le côté contre le vent et laisse le ballon aux Français. Longues balles en partant. Déjà une action dangereuse dans la deuxième minute : Ribery n’était pas hors jeu mais la balle n’a pas connecté. Les deux équipes jouent avec confiance. Belle chance à la septième minute. Les Français semblent dominants, mais les Uruguayens seront à craindre en contre-attaque.

L’arbitre mord aux simagrées uruguayens. Deux coups francs immérités. Petite inexactitude lors du cafouillage du gardien français (traverse hors-jeu, aurait dû y avoir un coup de pied de coin uruguayen). Tir de l’enclave à la 17e minute : danger ! Le gardien était bien placé. Coup de pied arrêté complètement à gauche du but uruguayen : ouf, le gardien veillait !

L’arbitre Chinois favorise l’Uruguay, sévère contre les Français, même trop, il est indulgent et mord même aux feintes des Uruguayens. C’est triste, à ce niveau, de voir un parti-pris de l’arbitre. Carton jaune à Ribery mais on appelle pas la faute contre lui !

N’importe, les Français vont gagner. Ils respirent la confiance, sont alertes en défense… pendant que l’attaque s’amuse à jouer à travers la défense adverse. Hors-jeu, oui, de justesse : il fallait laisser passer le ballon mais plus, le joueur aurait dû sortir du jeu (s’accroupir).

Heureusement l’arbitrage se replace : cela n’est pas un biais systématique, comme on en voit certains soirs au hockey (….) Beau match jusqu’à maintenant : les Français dominent mais les Uru jouent un contre efficace, dangereux.

Coup-franc un peu loin. Tacle sur le ballon, le Français fautif ? Oui, risque de blessure. Mais pas de carton. Les joueurs ont le droit de jouer le ballon et chacun est en partie responsable de sa sécurité (ne pas frapper à l’aveuglette sur le ballon). Déviation de tête imprécise de Anelka. Les Fr semblent fatigués. Vivement la demie !

On remet ça ! Les Français doivent faire quelque chose, changer un joueur, changer le jeu ! Ils ne vont nulle part. J’ai aimé jouer au soccer. Je reviendrais volontiers vers ma jeunesse… Le défense française est nettement supérieure. C’est le jeu collectif qui ne permet pas beaucoup d’ouverture. Mais l’attaque est émoussée, semble, en effet, manquer de confiance.

Non ! Les Français jouent sans conviction, font beaucoup d’erreurs, appellent des fautes : je vois aujourd’hui qu’ils ne méritent pas de gagner.

… Ni de perdre en fait. Ils ont chauffé à la fin, jouant 11 contre 10, mais ont manqué de finish… Belle occasion manquée de se démarquer devant l’opposition dans ce groupe. C’est ouvert pour toutes les équipes maintenant. Bafana est content.

samedi 29 mai 2010

Mais le corps...

Mais le corps ne pourrait assumer cette fonction de fil conducteur sans que la volonté de puissance soit le principe et la condition de possibilité de l'incorporation. Si vouloir, c'est commander -- telle en est la détermination première -- et si « la trinité "penser, sentir, vouloir" » (1885, 38 (8); il s’agit d’une première version du § 19 de Par-delà le bien et le mal.) – trinité traditionnellement constitutive de l’âme --, implique le corps comme cette formation de domination qui est le siège nécessaire de son exercice. La trinité « penser, vouloir, sentir » ne renvoie donc plus à des facultés distinctives – « il n’y a pas trois facultés de l’âme » (1885, 40 (39)) – mais est propre à la force en tant que telle. Et après avoir affirmé que la croyance à une âme « indestructible, éternelle, indivisible, doit être exclue de la science », Nietzsche ajoutera qu’ « il n’est absolument pas nécessaire de se débarrasser simultanément de "l’âme" elle-même, et de renoncer à une des hypothèses les plus anciennes et des plus vénérables, maladresse qu’ont coutume de commettre les naturalistes qui perdent "l’âme" dès qu’ils y touchent. La voie en effet est ouverte à de nouvelles conceptions, à de nouveaux raffinements de l’hypothèse de l’âme. Des concepts comme ceux d’ « âme mortelle », d’ « âme en tant que pluralité-sujet» et d’ « âme en tant que société de pulsions et d’affects » réclament désormais le droit de cité dans la science» (Par-delà le bien et le mal, § 12; cf. 1884, 25 (7)). Résumant toute cette analyse de la volonté, Nietzsche peut alors en conclure que « celui qui veut ajoute au sentiment de plaisir propre au commandement, les sentiments de plaisir propres aux organes qui exécutent avec succès, les "sous-volontés" ou sous-âmes de service – car notre corps n’est pas autre chose qu’une société d’âmes multiples. […] Dans tout vouloir, il s’agit simplement de commander et d’obéir sur la base, comme on l’a dit, d’une société d’ « âmes multiples » (Id., § 19). Le corps est donc bien requis par la volonté de puissance comme la structure cardinale de son déploiement, et il faut rappeler, même si ce n’est là qu’une confirmation philologique, c’est-à-dire extérieure, qu’à l’époque où il commençait à reconnaître dans la volonté de puissance l’essence de la vie et « l’ultime fait auquel nous parvenons » (1885, 40 (61), Nietzsche a noté : « Je ne conçois qu’un être qui, à la fois, est un et pluriel, change et demeure, connaît, sent, veut – cet être, c’est mon fait originaire. » À ce moment, seul manquait le mot de « corps ».

vendredi 28 mai 2010

Le corps comme fil conducteur

Didier Franck explore cette décision dans son livre Nietzsche et l'ombre de Dieu, Épiméthée, P.U.F., Paris 1998, réédité récemment. Nous arrangeons un peu et condensons quelques citations dans les pages 171 à 183.

Novalis: "Art de devenir omnipuissant -- art de réaliser totalement notre volonté. Nous devons maîtriser le corps comme l'âme. Le corps est l'instrument de la formation et de la modification du monde -- Nous devons donc chercher à former notre corps en un organe capable de tout. La modification de notre instrument est la modification du monde."

Solliciter la clôture de la Bible, se risquer à la concevoir comme ouverte, susceptible de métamorphoses, comme un livre à venir -- "mon livre doit être une bible scientifique", dit Novalis qui note également que "les Évangiles contiennent les traits fondamentaux d'évangiles à venir et supérieurs" (Werke,Bd. II, p. 599 et 831) --, revient à prononcer silencieusement la mort de Dieu et à tenter de surmonter le christianisme.

Mais comment est-ce possible et quelle voie emprunter ? Si grâce au Christ, en Christ, notre corps est le temple du Dieu vivant -- "il n'y a qu'un seul temple au moindre et c'est le corps humain. Rien n'est plus saint que cette haute figure", rappelle Novalis --, c'est en élevant la puissance du corps que nous pourrons devenir autres que chrétiens.

Bref, pour élever la puissance du corps et de la volonté en leur ouvrant de nouvelles possibilités et devenir les "poètes de notre vie" (Le gai savoir, § 299; cf. 1885, 35 (45) et 42 (1), § 6.), il faut les penser différemment. Mais puisque le corps volontaire est, nous l'avons montré, le lieu où s'articule la métaphysique grecque et la religion chrétienne, son nouveau concept devra pouvoir répondre de l'une, de l'autre et de leur coïncidence finale.

Nietzsche le savait qui note en 1884: "On est plus riche qu'on ne pense, on a dans la corps de qui faire plusieurs personnes, on tient puor "caractère" ce qui n'appartient qu'à la "personne", à l'un de nos masques. La plupart de nos actes ne viennent pas de la profondeur mais sont superficiels : comme la plupart des éruptions volcaniques : on ne doit pas se laisser tromper par le bruit. Le christianisme a raison en ceci : on peut revêtir l'homme nouveau : certes, et donc encore un nouveau. On se trompe lorsqu'on juge un homme d'après des actes isolés : de tels actes n'autorisent aucune généralisation."

Or, puisque le vieil homme a été crucifié avec le Christ et que l'homme nouveau est ressuscité avec et en lui, c'est, au-delà du baptême, à la résurrection du corps que Nietzsche fait ainsi référence. Annonçant la glorification du corps, le christianisme en a implicitement reconnu la possible pluralité. Après avoir ainsi renoué avec le concept paulinien de corps en tant que pluralité de volontés et ce, notons-le au passage, par delà le concept physique auquel il semblai s'être arrêté, Nietzsche ajoute aussitôt que l'homme nouveau dont parlait saint Paul n'est pas le seul possible.

Quelle que soit la tâche prescrite par la mort de Dieu, en dehors de laquelle l'élévation du corps au rang de fil conducteur demeure au fond inintelligible, est nettement attesté par une note de 1882-1883 : "La dissolution de la morale a pour conséquence pratique l'individu atomisé, voire la dispersion de l'individu en pluralités - Flux absolu. C'est pourquoi un but est maintenant plus que jamais nécessaire et de l'amour, un nouvel amour.

En 1874 Nietzsche remarquait déjà : "Nous vivons la période de l'atome, du chaos atomistique", et en 1881 : "Nous entrons dans l'époque de l'anarchie." La dispersion de l'individu, c'est-à-dire du corps, en une unité fluante, requiert un nouvel amour parce que l'ancien amour, celui de Dieu, en assurait - mais n'en assure plus - l'unité. La dissolution de la morale a pour corrélat celle des corps, et la mort de Dieu rend tout à la fois possible et nécessaire une sur-résurrection au sens même où Nietzsche parle de surhomme, un nouvel amour.

"Je n'ai jamais profané le saint nom de l'amour", déclare-t-il contre le christianisme (1885-1886, 1 (216); cf. 1883, 3 (1), # 148). Notre corps porte alors en lui la mort de Dieu comme l'espérance d'une tout autre gloire et cette proposition, qui n'a rien de nostalgique, exprime l'expérience rigoureuse de la mort de Dieu et de la transvaluation, puisque "toute morale est une habitude de glorification de soi."

C'est après avoir achevé Ainsi parlait Zarathoustra, dont l'éternel retour est la conception fondamentale, au moment d'entreprendre l'œuvre qui, d'abord intitulée La volonté de puissance, puis Transvaluation de toutes les valeurs, aboutira à L'Antéchrist, que Nietzsche assigna au corps la fonction de fil conducteur. Ce simple constat implique que l'élucidation du corps est indissociable de la compréhension conjointe de l'éternel retour, de la volonté de puissance, de la transvaluation des valeurs, c'est-à-dire de l'ultime figure de la pensée nietzschéenne. La première occurrence de l'expression "au fil conducteur du corps" date de 1884.

"Rien de bon, écrit Nietzsche, n'est encore sorti de l'auto-contemplation de l'esprit. C'est seulement maintenant où l'on cherche à se renseigner sur tous les processus spirituels, sur la mémoire par exemple, au fil conducteur du corps, qu'on avance." (1884, 26 (374)). Prendre le corps pour fil conducteur, c'est donc d'abord destituer le Je de cette fonction et tenir l'unité de la conscience, fut-elle synthétique, pour une apparence d'unité. Interroger directement le sujet sur lui-même pour s'enquérir des processus de l'esprit, à même l'image qu'il donne et se donne de soi, c'est donc exclure d'emblée, précipitamment et sans justification "qu'il puisse être utile et important à son activité de s'interpréter faussement." (1885, 40 (21)

Destitution de la conscience.

Cela est d'autant plus nécessaire que les nouvelles possibilités, dont nous sommes en quête, devront répondre, et du recouvrement de la philosophie par la religion révélée, et du dépassement de celui-ci. Si tel n'était le cas, jamais Nietzsche n'aurait pu annoncer que "les poètes ont encore à découvrir les possibilités de la vie, l'orbite stellaire leur est ouverte, et non une Arcadie ou une vallée de Campanie : une imagination infiniment audacieuse, appuyée sur les connaissances de l'évolution animale est possible. Toute notre poésie est si terre à terre et petite-bourgeoise, la grande possibilité d'hommes supérieure fait encore défaut. C'est seulement après la mort de la religion que l'invention du divin pourra redevenir luxuriante." (1880, 6 (359)).

L'unité, mieux, "l'unification" (1885-1886, 1 )(172)), subjective que nomme le corps ne saurait provenir que des rapports qu'entretiennent la pluralité de ses constituants puisque "ce sont d'abord les relations qui constituent les êtres." (19888, 14 (122)). Aussi convient-il de préciser quels sont ces êtres vivants qui forment le corps. Nietzsche en a décrit la pluralité sous divers titres dont nous devons faire l'inventaire. Pluralité d'esprits : "Dans l'homme, habitent autant d'esprits qu'il y a d'animaux de mer - ils luttent avec les autres pour l'esprit "Je" : ils l'aiment et veulent qu'il se mette sur leur dos, ils se haïssent les uns les autres à cause de cet amour." (1882-1883, 4 (207)) Pluralité de pulsions : /"Au contraire de l'animal, l'homme a cultivé en lui une abondance de pulsions et d'impulsions antagonistes : grâce à cette synthèse il est le maître de la terre." (1884, 27 (59)) Pluralité de forces : "L'homme est une pluralité de forces qui se situent dans une hiérarchie, en sorte qu'il y en a qui commandent mais que celles qui commandent doivent aussi créer, pour celles qui obéissent, tout ce qui sert à leur conservation, si bien qu'elles-mêmes sont conditionnées par l'existence de ces dernières. Tous ces êtres vivants doivent être d'espèce apparentée sans quoi ils ne sauraient ainsi servir et obéir les uns aux autres"(1885, 34 (123); cf. 1882-1883, 4 (189)) Pluralité d'âmes : "Notre corps n'est pas autre chose qu'une société d'âmes multiples." (Par-delà le bien et le mal, § 19. Il s'agit d'âmes mortelles; cf. 1885, 40 (8) et (42) Pluralité de volontés de puissance: "L'homme en tant qu'une pluralité de "volonté de puissance" : chacune avec une pluralité de moyens d'expression et de formes." (1885-1886, 1 (58))

Il ressort de ces multiples dénominations que l'unité du corps, qui est toujours celle d'une hiérarchie antagoniste, ne doit pas être pensée comme un état ou un être, mais comme un événement ou un devenir.

mardi 18 mai 2010

When China rules the world...

The Maoist period involved the politicization of more or less the whole society. The old Maoist slogan of ‘politics in command’ aptly summed up the nature of Communist rule until Mao’s death in 1976, with its constant calls for mass campaigns, symbolized most dramatically by the Cultural Revolution. In contrast, during the reform era there has been a steady process of depoliticization, accompanied by a steep decline in the importance of ideology. The highly politicized and obstrusive Maoist state has given way to what now looks more like a technocratic state, in the manner of other East Asian developmental states, although the power of the Chinese state remain wide-ranging, from the one-child policy and internal migration to history books and media. As the Party has shifted from ideological to instrumental rule, from a political to a technocratic approach, its relationship with the people has become less intrusive. There is, in effect, a new kind of social contract between the Party and the people: the task of the Party is to govern, while the people are left to get on with the business of transforming their living standard. Far from interesting themselves in politics, people have increasingly retreated into a private world of consumption. Money making, meanwhile, has replaced politics as the most valued and respected form of social activity, including within the Party itself. The Party has actively encouraged its officials to enter business, not least as a means of galvanizing and mobilizing society. ‘Political loyalty’ has in some degree been replaced by ‘money’ as the measure of the political worth of Party cadres, resulting in a decline in the Party’s identity, a loss of its spiritual appeal and a process of internal decay.
The Party has increasingly sought to transform itself from a revolutionary organization into a ruling administrative party. It prioritizes technical competence, entrepreneurship and knowledge over, as previously, revolutionary credentials, military record and class background, with a technocratic class rather than revolutionaries now in charge of the Party. There have been drastic changes in the social composition of the Party leadership over the last twenty years. Between 1982 and 1997 the proportion of the central committee who were college-educated rose from 55.4 per cent to 92.4 per cent. By 1997 all seven members of the standing committee of the central committee’s political bureau (the top leadership) were college-educated in technical subjects like engineering, geology and physics, while eighteen of the twenty-four political bureau members were also college-educated. The Party has opened its doors to the new private capitalists in an effort to widen its representativeness and embrace the burgeoning private sector. By 2000 20 per cent of all private entrepreneurs were members of the Party. This is not surprising given that by 1995 nearly half of all private capitalists had previously been Party and government officials. The large-scale shift of Party and government officials into the private sector has almost certainly been the biggest single reason for the enormous increase in corruption, as some of them exploited their knowledge and connections to appropriate state property, gain access to cash reserves, and line their own pockets. The problem poses a grave challenge to the Party because, if unchecked, it threatens to undermine its moral standing and legitimacy. Despite a series of major, high-profile campaigns against corruption, of which the most prominent casualty so far has been the former Communist Party chief in Shanghai, Chen Liangyu, the evidence suggests that the problem remains huge and elusive because it roots lie deep within the Party itself and the myriad of guanxi connections.
As the country gravitates towards capitalism, changes are also taking place in China’s class structure that are bound, in the longer term, to have far-reaching political implications. For the time being, however, the technocratic leadership will continue to dominate both the Party and the government, with little immediate prospect of a challenge to their position. The peasantry, though increasingly restive in response to the seizure of their land, remain weak and marginalized. The working class has seen a serious diminution in its status and influence, with its protests limited to piecemeal, factory-by-factory action. The new class of private entrepreneurs, meanwhile, seems to be conforming to the traditional role of merchants, seeking an accommodation with, and individual favours from, the government, rather than an independent role of its own.
In the longer run there are four possible political directions that Chinese politics might take. The first is towards a multi-party system. This, for the time being, seems the least likely. The second would be the de facto recognition of factions within the Party. To some extent this process has, at least tacitly, been taking place, with former general secretary Jiang Zemin’s power base resting on what came to be known as the Shanghai faction, who were associated with super-growth, privatization, pro-market policies and private entrepreneurs, in contrast to Hu Jintao’s constituency, which has given greater priority to sustainable growth, social equality, environmental protection, and state support for education, health and social security. The third would be reforms designed to instill more life and independence into the People’s Congress and the People’s Consultative Conference, which are state rather than Party institutions. If all three of these directions were followed, they would result in an outcome not dissimilar from that in Japan, where there is a multi-party system in which only one party matters, where the various factions within the Liberal Democrats count for rather more than the other political parties, and where the diet enjoys a limited degree of autonomy. Another possible scenario, in this same context, is that of Singapore – in those arrangements Deng Xiaoping showed some interest – where the ruling party dominates an ostensibly multi-party system, with the opposition parties dwarfed, harassed and hobbled by the government. The fourth direction, which had been advocated by the Chinese intellectual Pan Wei, puts the emphasis on the rule of law rather than democracy, on how the government is run rather that who runs it, with state officials required to operate according to the law with legal forms of redress if they do not, and the establishment of a truly independent civil service and judiciary, a proposal which, overall, bears a certain similarity to governance in Singapore and Hong Kong. Should this route be pursued then it would mark a continuing rejection of any form of democratic outcome and an affirmation of a relatively orthodox Confucian tradition of elitest government committed to the highest ethical standards.
None of these scenarios seems particularly imminent. For the foreseeable future the most likely outcome is a continuation of the process of reform already under way, notwithstanding the growing problems of governance consequent upon social unrest and chronic corruption. The worst-case scenario for both China and the world would be the collapse and demise of the Communist Party in the manner of the Soviet Union, which had a disastrous effect on Russian living standards for over decade. The ramifications, nationally and globally, of a similar implosion in China, which has a far bigger population, a much larger economy and is far more integrated with the outside world, would be vastly greater. A period of chaos would threaten the country’s stability, usher in a phase of uncertainty and conflict, threaten a premature end to its modernization, and potentially culminate in return to one of China’s periodic phase of introspection and division. The best prospect for China, and the world, is if the present regime continues to direct the country’s transformation on a similar basis of reform and mutation until such time as there can be a relatively benign transition to a different kind of era. Given China’s huge success over the last thirty years, this remains by far the most likely scenario.


Citation from When China Rules the World, - The Rise of the Middle Kingdom and the end of the Western World, by Martin Jacques, pp. 224 to 227.

mardi 27 avril 2010

Halak's bliss

Snowstorm in Quebec's metropolis. Washington Capitals have been beaten here yesterday night. Sky rejoicing and laughing in the blizzard. The best team during the regular season in the National Hockey League can not find a way to beat those Montreal Canadians hanging hard on defense and being opportunistic with their few chances.

Although this was the result of an intense collective work, the main reason for this great achievement is named Iaroslav Halak, the prodigious goal tender who, by 53 saves, resisting all night long the storm the talented offensive team had put up against him, thus saving the day. The series is tied 3-3 and decision is coming tomorrow night, at Washington, with the seven and last match.

I think I will not attend my planned chess game tomorrow, for this game is more important to me. I want to see that with my close friends.

Can the marvelous goaler repeat this exceptional performance? We can not be sure of that. And we can count on Washington's Capitals to try something new to adjust and prevail with finesses and huge creative talents by some great individual players.

But in collective play, my team was way more cohesive. Puck control, fast skating, precise passing made the grade. Why not again tomorrow? We will see.

They (the enemy) will try to derange our pearl of a goaler, they will charge the net , trying to shake confidence, and referees will have important word to say on how this can be tolerated or not.

Powerplay goals can decide the fate in either side. Our powerplay is better than theirs, so they have to think twice before taking stupid penalties.

Now, this bliss. A goaltender when preparing to a very special game, he knew an almost impossible challenge, has to concentrate and visualize virtually all possible outcome. He prepares to react properly, according to global team game plan. They discussed the main strategy and how the goaler will do generally, the defense and defensive efforts from forward have to adjust and stick to game plan, no matter what happens out there. Plan "b" and even, sometimes, plan "c" are prepared to cope with less desirable turn of events. Success rely on mental team toughness.

But the goaler is a solitary person. He is the last rampart against defeat. He must settle into himself an immutable cell of certitude, ultimate confidence that he can perform to the best. More than mental toughness, he needs to meditate in order to attain zen-like state, when inner void can get rid of all worldly agitation, forcing virtually all events to fit in imposed set of mind : victory.

Halak began to build this bubble of confidence last game when he stopped almost everything they fired at him. And Canadians won the fifth game by the narrowest margin of 2 to 1. Yesterday, Halak had the chance to see his team mates to score three times before he finally had to give one goal, last in third period. Then they hold hard to defense and the final outcome, 4 to 1, with a final goal in empty net, permit every hopes. Because this team can play still better, and Halak can repeat exceptional performance. In this state of mind, he can become almost invincible.

During the game he was able to maintain complete and continuous awareness, with precise sensing in the present situation and more, accurate anticipation of what the other team can do, what this player is just about to execute, in trying to fool him. This complete focus to the game, coolness in attitude, uttermost precision in every gesture, catching the puck as mature fruit even from the hardest shot, big pads moving so swiftly, all this inspired greatly every player in the defending team, back to the wall, facing elimination with admirable courage.

Washington Capitals don't know what to do differently to win. They will try still harder to do what they always do : score a lot of goals, play most of the time in attacking, indeed the best defense, when you can afford this style. And sure they can, with all those individual all stars players. Now, at the ultimate turn, last decisive game, they can not change their style. They may try to do some odd things. Their first goal will be to shake this confidence in Halak's mind. To put him out of this invincible mental state. If officials do their job right, they will earn costly penalties in trying to charge the net and interfere with goalie. But I have seen often officials not doing their job right. This is my main question mark as a supporter of my team.

vendredi 23 avril 2010

Monsieur Nietzsche

Nietzsche est le meilleur, celui qui manque même aux Chinois ! En fait il manque presque à tout le monde et même à moi des fois! C'est l'un des plus grands sages taoïstes mais pas seulement. Grand sorcier mais entre autres choses, comme en passant. Il dépasse la sagesse du bouddhisme, il s'élève au-dessus des conceptions de presque tous les plus grands sages de l'Inde, y compris les anciens rishis de l'âge (pré)védique. Même Aurobindo, quelque part, l'aura mal compris.

Je le redécouvre encore une fois ce printemps dans un moment de détresse. Vite envolé à son contact si puissant est son charme magique ! Encore une fois il me permet de me remettre à rêver À PARTIR DE LA NÉCESSITÉ !!! C'est ça qui est fort !

Je donne rapidement quelques exemples :

"Le nouveau sentiment de la puissance: l'état mystique ; et le rationalisme le plus clair, le plus hardi, servant de chemin pour y parvenir. La philosophie, expression d'un état d'âme extraordinairement élevé." (V.P., IV, #583)

"Toute création est communion. Le penseur, le créateur, l'amoureux sont un. (Ib. #596)

"L'unité du créateur, de l'amoureux, du chercheur, dans la puissance." (#597)

"La grande synthèse du créateur, de l'amoureux, du destructeur." (#598)

"Dès que l'homme s'est parfaitement identifié à l'humanité, il meut la nature entière." (#644 et dernier!)

Et combien de dieux nouveaux sont encore possibles! Moi-mêmes chez qui l'instinct religieux, c'est-à-dire créateur de dieux, s'agit parfois mal à propos, de quelles façons diverses j'ai eu chaque fois la révélation du divin!... J'ai vu passer tant de choses étranges, dans ces instants placés hors du temps, qui tombent dans notre vie comme s'ils tombaient de la lune, où l'on ne sait même plus à quel point l'on est déjà vieux, à quel point l'on redeviendra plus jeune... Je ne saurais guère douter qu'il y ait de nombreuses variétés de dieux... Il n'en manque pas qui semblent inséparables d'un certain "alcyonisme", d'une certaine insouciance. Les pieds légers font peut-être partie des attributs de la divinité... Est-il nécessaire d'expliquer qu'un dieu se tient de préférence à l'écart de tout ce qui est prudhommesque et raisonnable et, entre nous soit dit, par-delà le bien et le mal? Il aime les vues dégagées, pour parler comme Goethe. Et s'il faut invoquer à ce propos l'autorité inestimable de Zarathoustra, disons qu'il va jusqu'à avouer : "Je ne croirais qu'à un dieu qui saurait danser..."
Encore une fois, que de dieux sont encore possibles! --Zarathoustra, sans doute, n'est qu'un vieil athée; il ne croit ni aux dieux anciens ni au dieux nouveaux; Zarathoustra dit : "Je croirais..., mais il ne croira pas... Comprenons-le bien...
Dieu conçu sur le type des esprits créateurs, des "grands hommes". (#580)


Supposons que notre civilisation dût se passer de la piété, qu'elle ne pût plus la produire d'elle-même. Il lui manquerait une certaine résolution, un certain apaisement intérieur et définitif. Esprits plus que jamais belliqueux et aventureux! Les poètes ont encore à découvrir les possibilités de la vie, tout le monde sidéral s'ouvre à eux, et non une Arcadie ou une vallée de Campan; nos connaissances sur l'évolution animale autorisent des spéculations infiniment audacieuses. Toute notre poésie est si mesquinement, si bourgeoisement terrestre; la grande possibilité d'une humanité supérieure fait encore défaut. Ce n'est qu'après la mort de la religion que l'invention du divin pourra reprendre toute sa luxuriance. (#581)


Voilà sur la religion de la créativité qu'il y a chez Nietzsche, mais encore plus AVEC Nietzsche ! Maintenant, sur la solitude et le sens de la souffrance individuelle:

(à venir)

mardi 20 avril 2010

My Queen

Those are difficult times for me. How about you? Lonely I feel deserted by your grace. Without expressed feeling of love, everything disconnects. Even in myself, it seems.

I know I had not been and irreproachable knight. But nonetheless and with some important mistakes, I managed to keep my faith in you, to my love directed toward you and to your wisdom. I think we should not continue to refrain from sweet exchange.

I love life so much! But I love you even more. Is this sickness? Are you volunteer to cure me? You think, maybe, that I made a bundle of all my frustrations, longing, desires, weaknesses and so on, and projected all this on you. That I barely know true you, like using you just as a convenient shape or screen for reflecting my need.

But I think this is not so. Sure you managed to remain very mysterious, but still somewhere I feel like I know you inside very well. Please remember that in another season we were in almost continuous spontaneous contact, almost every day! I can feel some part of your being as if I could touch you! You made many other parts to remain in the dark.

Still I can guess some because you are wholesome being, relatively harmonious even with many problems and after harsh experience and I know mainly what difficult and sometimes horrible path by which you went through. So you are not for me an indifferent screen for all projections, whichever sickness you may think I have in store.

So strong contact I felt we had that you became quickly for me the difference in itself. I know you have the power to decide of my fate. And I submit to your judgment. I know with some confidence that in the end, and despite some odd mood, moves and reactions, in the end you will be right and act accordingly.

I keep confidence in your wisdom. In a way or another, I feel like in the end everything will be fine. Maybe not sleeping in the same bed and making lot of love, we will be happy, each of us, maybe separately... But I feel also I can help you to be happy. Because maybe I "represent" or concentrate the opposite trend, the difference you are missing.

But now I need a positive sign. You've been so elusive that in need for an answer I went so far as to provoke with inconsiderate expression of anger and despair. Because all doors I opened you managed to close. Protecting yourself against establishing what you thought being bad habits, you evaded virtually all the places and time we would be in connection, the two of us, closely related.

For example, last Saturday, I chose my future brand new apartment. It is #711 and I will give you, if you wish, complete address as soon as I am aware of it, the building is not finished yet. I see you do not seem to find useful to let me know your new address.

Well, I tried to cultivate complete openness with you, and in that direction maybe I got too far. In a very different set of circumstances you chose differently and remained very discrete as to disclose some important details.

In seeking understanding, more than approval, complete transparency is difficult task. A luxury, maybe, that one cannot easily afford. I have been probably too relax at that, not observing etiquette and gradual approach before going to extreme. Genuineness and openness can be pushed to extreme, thus creating disgust and even rejection.

Alas, this is done and I still try to cope with ensuing situation. I often cry, and not only sigh. But maybe I still talk too much. How to know the feelings in your heart if you would not care to express or communicate to me? We were so happy sometimes, and not so long ago... but you were always in difficult circumstances and did not felt free to discuss with me openly.

I miss very much closer contact with you. Maybe you can give it some time and care to express some suggestion in how we could still improve our relationship.

your devoted knight
Jacques

vendredi 9 avril 2010

mésinterprétations

Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les philologues eurent librement accès aux manuscrits, lorsque fut publiée la grande édition des œuvres philosophiques complètes par G. Colli et M. Montinari qui restituait leur ordre chronologique aux fragments posthumes, Nietzsche échappa enfin aux conflits idéologiques de la première moitié du XXe siècle. Il semble devenir, non pas tout à fait un penseur classique, mais suffisamment inactuel pour que la philosophie puisse chercher dans son œuvre un renouvellement, un recours au-delà d'un hégélo-marxisme alors triomphant. Ce qui lui a été alors demandé est une nouvelle démarche critique, ou plutôt historico-critique la généalogie. N'avait-il pas rompu, au moins dans la forme de l'exposition, avec la tradition philosophique? N'avait-il pas entrepris une mise en question radicale de la philosophie occidentale considérée comme nihiliste? Son "inactualité" consonait étonnamment avec les interrogations contemporaine de la seconde moitié du XXe siècle. En France, un philosophe prestigieux, Paul Ricoeur, proposa un syncrétisme associant bizarrement Nietzsche à Marx et à Freud; ce qui fut pour quelques années fort actuel. Michel Foucault déclare en 1967 :

Le XIXe siècle est singulièrement Marx, Freud et Nietzsche nous ont remis en présence d'une nouvelle possibilité d'interprétation, ils ont fondé à nouveau la possibilité d'une herméneutique [...]. Je me demande si l'on ne pourrait pas dire que Marx, Nietzsche et Freud, en nous enveloppant dans une tâche d'interprétation qui se réfléchit toujours sur elle-même, n'ont pas constitué autour de nous, et pour nous, ces miroirs d'où nous sont envoyées des images dont les blessures intarissables forment notre narcissisme d'aujourd'hui.


À quoi il fut répondu qu'il y avait sans doute pléthore d'interprétations :

Si Marx a raison, Nietzsche doit être interprété comme un phénomène de la bourgeoisie à telle époque. Si Freud a raison, il faut connaître l'inconscient de Nietzsche et donc je vois une sorte de guerre entre Nietzsche et les deux autres.


De fait, cette trinité des "philosophes du soupçon" n'a été qu'une construction idéologie passagère. Nietzsche ne peut pas être lu en ne retenant que la généalogie comme méthode isolable du thème de la volonté de puissance qui la fonde, et comme si cette dernière était interchangeable avec le matérialisme de Marx et la libido de Freud. Comprendre Nietzsche est comprendre ensemble, comme dans une seule main, les thèmes majeurs : non seulement de l'immoralisme et de la surhumanité, mais aussi du dionysisme et de l'éternel retour.

mardi 6 avril 2010

Au lieu de nous demander "Pourquoi créer?", demandons-nous plutôt: "Pourquoi sommes-nous si peu créateurs?"

Au lieu de nous demander "Pourquoi créer?", demandons-nous plutôt: "Pourquoi sommes-nous si peu créateurs?" Je crois que cela s'explique notamment par le fait que nous acceptons trop de choses, que nous n'interrogeons pas assez, que nous ne remettons pas suffisamment en questions les réponses toutes faites, que nous obéissons trop aux mots d'ordre, que nous ne voyons pas assez directement par nous-mêmes. En ce sens, nous sommes esclaves du conditionnement social, alors que le créateur doit au contraire se libérer des prétendues vérités et des consensus. Il ne s'en libère pas dans un esprit négatif, pour le seul plaisir de critiquer, mais par exigence de voir ou de comprendre par lui-même. Si nous n'examinons pas par nous-mêmes les grandes questions existentielles -- et la question de la création, celle du sens de notre vie, celle de la joie en constituent quelques-unes --, nous ne pouvons pas véritablement les résoudre. Nus nus contentons de répéter ce que nous avons entendu sans l'examiner par nous-mêmes. Le créateur est celui qui suit son propre chemin, non pas dans un souci d'originalité, mais simplement parce qu'il sait qu'on ne peut avancer que sur le chemin que l'on trace soi-même. Les chemins qui nous sont proposés par les différentes instances de la société -- telle morale toute faite, telle religion, tel idéal de réussite ou de performance -- sont des chemins collectifs qu'il nous faut peut-être suivre tant que nous faisons partie d'une collectivité, mais en tant que nous sommes des individus, nous devons, il me semble, découvrir ou inventer notre chemin. J'ai rappelé la nécessité de voir par soi-même la réalité telle qu'elle est. La création émane de notre propre vision, de notre propre perception de la réalité, mais cette dernière est recouverte par des images, de prétendues évidences, des jugements de valeur nous disant qu'elle est bonne ou mauvaise. Nous ne la voyons pas directement mais uniquement à travers le prismes de ces prétendues vérités et évidences. Pouvons-nous avons un accès direct à la réalité qui ne cesse de fourmiller et de changer autour de nous, pouvons-nous avoir un accès direct à la réalité extérieure comme à la réalité intérieure, celle qui constitue le flux de notre conscience, de nos souvenirs, de nos idées, de nos idéaux, de nos affects ou de nos émotions autant positives que négatives? Un tel contact direct avec ce qui est et ce que nous sommes est le point de départ de toute création. Cela implique bien sûr que nous soyons capables de voir par nous-mêmes, notamment de nous voir tels que nous sommes. Cela n'est pas facile, tellement que nous essayons sans cesse de nous corriger tellement nous sommes constamment dans une position de lutte ou de tension avec ce que nous sommes, pensons, faisons, éprouvons. C'est comme si nous étions sous surveillance, sous notre propre surveillance, comme si nous avions intériorisé des manières de voir, des vérités, des modèles, des idéaux que nous nous jugions de leur point de vue. Mais si nous sommes ainsi esclaves au fond de nous-mêmes, dans quelles mesure pouvons-nous être véritablement créateurs? Ne sommes-nous pas plutôt très conformistes, même si nous ne voulons pas l'être, même si nous cherchons à ne pas l'être? Remarquez que je ne suis pas en train ici de proposer un nouveau modèle, ce qui contredirait mon propos. J'essaie simplement de mettre en pratique ce que je dis, c'est-à-dire que j'essaie de voir directement, au-delà des préjugés, des images et des modèles, ce que je suis effectivement. Ce que je suis n'est peut-être pas si différent de ce que sont les autres. On insiste beaucoup sur la singularité de chacun et, une fois encore on ne prend pas la peine d'examiner la question, on se contente plutôt de répéter les mots d'ordre ou les ouï-dire. Mais la question insiste: suis-je si différent des autres? Pour le savoir, je dois observer qui je suis, non pas une fois de temps en temps, mais au fil des instants, des épreuves et des rencontres. C'est en prenant contact avec ce qui est ou ce que je suis que j'apprends à voir par moi-même et que je deviens donc créateur. Un signe que nous ne sommes pas si différents les uns des autres, c'est que le créateur nous parle et nous révèle des dimensions ordinairement cachées de la réalité, celle du monde et la nôtre. Sa vision nous révèle ce que les clichés et les consensus nous cachent. Sa vision ouvre la nôtre. Il ne s'agit pas en effet de prendre la vision du créateur pour une nouvelle vérité et de la transformer en un nouveau cliché. Le créateur ne cherche pas de disciples. Il cherche d'autres créateurs. La création n'encourage pas l'imitation mais d'autres créations. Je me souviens d'une très belle réflexion de Gauguin. À ceux qui affirmaient qu'il fallait suivre les maîtres il répondait: "Suivre les maîtres! Mais pourquoi donc les suivre? Ils ne sont des maîtres que parce qu'ils n'ont suivi personne!" Je pense qu'il avait profondément compris le sens de la création. Celle-ci libère l'homme de sa prison d'images et de mots, elle le ibère de son passé ou de son conditionnement, elle le met en contact directement avec la réalité en tant qu'inconnue, vivante et nouvelle. Répéter n'est pas voir mais mesure le vivant à l'aune de ce qui est mort, de saisir le présent vivant à travers les lunettes du passé, subordonner sa propre vision à celle de la collectivité. Peut-être est-il forcé qu'une création ancienne devienne une nouvelle autorité et un obstacle. Tout ce qui se présente aujourd'hui comme vérité absolue a jadis été créé. Le processus de création a été recouvert par l'œuvre. Il est oublié au profit exclusif de l'œuvre se présentant désormais comme une réalité toute faite, qui, prétendument, n'est pas née ou n'a pas été engendrée. C'est en tant que telle qu'elle nous en impose et empêche de nouvelles créations. Il nous faut reprendre contact avec le processus même de la création. (...) S'il est vrai, comme l'a vu Nietzsche, que la création est la seule véritable façon moderne de donner sens à l'existence, s'il est vrai que la création produit la joie, joie de se libérer, joie de voir par soi-même, de marcher avec ses propres jambes et sur son propre chemins, s'il est vrai que la création n'est pas une idée ni un idéal, mais un acte, n'existant qu'en acte, que dans la mesure où elle se fait, nous n'avons d'autre possibilité que de créer à notre tous dans le domaine où nous conduisent notre propre sensibilité et notre propre talent, plus encore dans la dimension de la vie quotidienne dans laquelle nous nous trouvons tous. Dans cette dimension, où nous sommes sans cesse poussés en avant, provoqués par les événements, où quelque chose de nouveau se produit constamment, la vie ne fait qu'un avec la création, elle non plus n'est pas une idée ou un idéal, à réaliser éventuellement, mais elle n'existe qu'en acte, elle ne cesse de s'auto-éprouver, d'être en elle-même un rapport immédiat à soi. La vie, comme la création, n'est pas quelque chose que l'on puisse remettre à demain, quelque chose auquel on puisse se contenter de rêver, ou, si nous le faisons, c'est en oubliant que la vie est déjà là, qu'elle rend possible cette remise à plus tard, qu'elle se déroule d'ores et déjà, qu'elle n'existe nulle part ailleurs et dans aucun temps que précisément ici et maintenant. (...) Quand nous sommes intensément vivants, il y a au cœur impersonnel de nus-mêmes un silence ou un vide, à savoir une ouverture une disponibilité, une gratuité ou une paix, une absence de but ou de visée, une liberté qui ne se définit plus par opposition à la servitude. C'est sur un fond de silence que s'enclenche le processus de création comme réalité intensément ou uniquement vivante, ne comportant en elle rien de mort, ou le moins possible, c'est-à-dire vidée du savoir accumulée, vidée des mots qui contiennent ce savoir, vidée des idées qui nous ont été inculquées et que nous portons comme si elles étaient les nôtres, vidée de nos buts et de nos projets, à commencer par ceux de créer, d'évoluer, de progresser, de parvenir, de réaliser et de nous réaliser. Il n'est pas possible de décrire adéquatement ce vide, car toute description le remplit de ce qui n'est pas lui, en fait un objet, une idée, une image, un but à viser, alors qu'il ne peut que survenir spontanément à partir de la vision pénétrante de ce qui est, de ce qui occupe la psyché, de ce qui arrive, de se qui se passe autour de nous et en nous, des événements qui surviennent. (...) Cet état d'esprit ne peut pas être provoqué, il doit fleurir de lui-même. Tout ce que nous pouvons en dire ou en penser est faux. Nous cherchons à être alors qu'au contraire tout part du vide. Nous sommes tendus vers l'avenir, alors que tout découle d'un ici-maintenant proprement impensable et indicible. Nous cherchons au lin un secret qui se dérobe précisément parce qu'il se truove au plus près. Nous pensons qu'il nous faudra faire ceci puis cela, alors que rien ne peut se faire s'il n'y a d'abord ce vide ou ce silence. Ce vide ou ce silence ne peut se trouver au bout d'un travail, d'un effort ou d'une évolution. Il est au point de départ, il est comme le vide donnant lieu au big bang. On ne peut pas dire de ce vide ou de ce néant qu'il est, car justement il n'est pas -- c'est ce qui le rend insaisissable par la pensée et le discours. Comme la mort, il est tout en n'étant pas, il attire la pensée et le discours dans un gouffre. Pensée et discours peuvent se tenir au bord du gouffre, mais celui-ci leur échappe. Qu'est-ce qui vibre au diapason de la mort, non pas à l'idée, à l'image ou à la croyance de la pensée à son sujet, mais la mort comme radicalement inconnue? Seul le vide, le silence ou le néant vibre au diapason de la mort. Mais si le vide ou le silence échappe à notre saisie, que pouvons-nous faire? Voir ou comprendre ce que nous sommes. Voir ou comprendre ce qui se passe. Demeurer au plus près de lui. Comprendre l'inanité, la stérilité de toute action, quand celle-ci vise une réalité intérieure, comme un état d'esprit, une émotion, un défaut, un obstacle interne ou un but visé, tel celui de créer. Avant toute chose, commencer par nous voir tels que nous sommes, par voir la réalité telle qu'elle est. Et voir si nous pouvons nous voir, si nous pouvons voir la réalité telle qu'elle est. Expérimenter, ce qui implique de ne pas savoir d'avance, de ne pas partir de conclusions, d'être ouvert pour apprendre. Si nous savons ou prétendons savoir, nous ne pouvons apprendre. Il nous faut une grande ouverture et une grande innocence pour apprendre.


tiré de Pierre Bertrand, Pourquoi créer? Liber, Montréal, 2009, pp. 74 à 80.

vendredi 19 mars 2010

Time will tell, at the end... the end of the tale

With patience, if given time, victory can be achieved. Who is the enemy in Love combat? Who is the enemy in war for Love? Often may happen that we walk to the point that it becomes clear that self is the problem. And it is not sufficient to just hope, or good wish, or whatever dreaming this can be -- to 悟 together.

时间将证明一切,最后...在故事的结束。

只要有耐心,如果有时间,胜利可以实现的。谁是爱作战敌人?谁是为爱情战争的敌人?通常会发生,我们步行到一点,这样就很清楚,自己就是问题所在。这是不够的希望,或使良好的意愿,或任何做梦这可以-----以悟在一起

mercredi 17 mars 2010

La Chine m'inquiète --Jean-Luc Domenach, Éd. Perrin, coll. Asies

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Les nouveaux fondements du régime

La sortie du totalitarisme - Une recette chinoise : l'autoritarisme relâché - Naissance d'une opinion publique ? - Au pays des micro-climats - Les serfs sont devenus des individus ! - Une nouvelle lutte des classes ? - La classe plouto-bureaucratique - L'énigme centrale de la Chine post-maoïste

La sortie du totalitarisme

Contrairement à des stéréotypes bien établis, le régime politique chinois s'est à la fois renouvelé et consolidé : il y paraît peu probable que de graves difficultés y trouvent naissance. Le fait essentiel est la sortie, non pas du communisme, mais du communisme totalitaire : le pays demeure certes dirigé de façon dictatoriale par un Parti communiste, mais cette dictature ne se donne pas autant de pouvoir sur les homes et sur les choses qu'autrefois le régime maoïste.
La manière dont Deng a sauvé le régime que les délires maoïstes avait plongé dans la désordre et l'inefficacité est aujourd'hui connue. Une fois revenu au pouvoir en décembre 1978, il a immédiatement promis de concentrer ses effort sur une croissance concrète, et pris de premières mesures en faveur des revenus. Pour consolider la confiance que son prestige lui valait, il a d'emblée supprimé les aspects les moins supportable du totalitarisme maoïste et libéré de nombreux prisonniers politiques. Puis, dans les années 1980, tout en réaffirmant le monopole politique du PCC, il a institutionnalisé le régime, décentralisé l'économie, démantelé les communes populaires et autorisé l'émergence d'un secteur on étatique. Cette transition graduelle a paru menacée par les événements tragiques de Tian'an-men en 1989. Mais, au lieu de se laisser emprisonner politiquement par la répression sanglante qu'il avait ordonné, Deng a su en profiter pour accélérer les réformes économiques et l'ouverture sur le monde sans que quiconque dans le PCC puisse craindre que les "ennemis de classe" en tirent profit.
Deng accordait la priorité au développement économique dans le but de sauver le régime communiste et de l'inscrire dans la durée. Mais, pour remettre au travail la population, il fallait mettre fin à son étouffement. Le passage du totalitarisme à ce que l'universitaire américain Minxin Pei appelle une "autocratie développementale" a donc entraîné une transition de la terreur de masse à une répression de plus en plus sélective et à un contrôle plus souple.(1) Après trois décennies, les résultats sont considérables.
Les prisons et les camps de travail n'abritent aujourd'hui qu'une faible minorité de prisonniers politiques -probablement quelques milliers : autant de trop, certes, mais cela ne place plus la Chine parmi les leaders mondiaux de la répression. Le goulag chinois n'a pas été démantelé et la situation varie suivant les lieux entre le très mauvais, le mauvais et le presque correct, mais l'arbitraire recule et l'espace d'application de la législation officielle s'élargit.
(...)
Le changement fondamental est que le Parti communiste a abandonné toute ambition de transformation globale. Les campagnes de masse se sont espacées et affaiblies, le quadrillage de la population s'est relâché et la surveillance de la vie privée a été abolie en milieu urbain. C'est ainsi que le premier octobre 2003 a été supprimé à Pékin (après la plupart des autres villes), dans l'indifférence de presque toute la presse étrangère, un ressort essentiel du totalitarisme : l'obligation pour les candidats au mariage de présenter un certificat de bonne conduite dressé par leur unité, qui assurait aux comités du Parti un pouvoir sur la vie privée -- de fait, les mutations de l'habitat et de l'organisation économique en réduisaient de plus en plus l'application. Peu après, tous les citadins ont reçu le droit à un passeport sans certificat préalable de la police ou de l'employeur. Ces deux mesures ont symbolisé la sortie définitive du système totalitaire.
Mais cette évolution positive n'a pas empêché une augmentation massive des violations des droits sociaux qui est due à l'importance nouvelle de l'économie et donc de l'argent pour les cadres communistes.
La situation difficile des femmes chinoises est en effet largement due au fait qu'elles sont l'objet de commerces de toutes sortes. Cette situation est très mal connue à l'étranger car elle est peu apparente et souvent niée en Chine, y compris par les intéressées. Pourtant, ce pays est à la fois l'un des rares où les femmes se suicident en plus grand nombre que les hommes, où la proportion de femmes parmi les responsables de toute catégorie est la plus faible et où les ouvrières subissent la domination la plus brutale(2). Cette situation est entretenue à la fois par les habitudes prises avant le communisme, par les "novations" de l'ère maoïste (qui n'a libéré la femme que comme travailleuse) et par la "marchandisation" récente du sexe féminin. Mais il est certain que les autorités publiques, surtout dans les villages, portent une très lourde responsabilité en la matière.
En outre, c'est en tant que travailleur que le citoyen chinois est aujourd'hui le plus mal traité. Malgré la campagne de presse organisée durant l'été 2007 par les autorités et la publication des peines qui ont été infligées aux entreprises, rares sont celles qui respectaient alors la législation officielle. Quatre entreprises sur cinq ne signaient pas de contrats de travail avec leurs employés avant qu'une loi ne fût adoptée, applicable en janvier 2008 -- mais les entreprises s'emploient d'ores et déjà à la tourner : du moins sont-elles désormais dénoncées par la presse. L'irrespect de la législation contribue à expliquer le nombre incroyable des accidents du travail -- 127 000 décès en 2005 -- et le mécontentement ouvrier qui règne dans plusieurs secteurs industriels, en particulier celui des mines : en de nombreux endroits, particulièrement au Shanxi, les fonctionnaires locaux investissent à titre privé dans des mines de charbon illégales où les accidents sont fréquents et meurtriers. Cependant, les employés osent rarement s'organiser car ils sont surveillés par des nervis au service des patrons. Les entreprises s'arrogent en effet souvent des pouvoirs de police (...). Les travailleurs migrants sont soumis à des traitements autoritaires, voire à des formes d'esclavage, ainsi que l'ont montré plusieurs scandales en 2007. Dans tous ces cas, les entreprises bénéficient de la complicité des autorités locales.

Une recette chinoise : l'autoritarisme relâché

De la période maoïste, il reste certes quelques traits inimitables. Ainsi kes dirigeants logent-ils dans le même parc impérial qu'avaient occupé Mao Zedong et ses compagnons en 1949, à deux pas de la Cité interdite. Seuls de rares visiteurs y sont admis et les plus hauts responsables n'accordent jamais d'interviews. Et pourtant, le régime a réduit ses objectifs politiques -- il promet que la Chine restera plus de cinquante ans dans la "phase primaire du socialisme". Le principe de nationalisation du sol a perdu de sa substance en ville, où l'on est en principe propriétaire pour soixante-dix ans. De plus, les autorités ont décollectivisé toute la production agricole et dénationalisé, pour plus de la moitié de leur production, les autres branches d'activité -- en conservant bien sûr la domination des secteurs essentiels et la maîtrise indirecte de l'ensemble de l'économie...
Le contrôle politique sur le corps social n'a pas disparu, mais il s'est relâché. Sont encore réprimés les activités d'opposition, son les opinions individuelles, lesquelles circulent librement dans l'espace familiale et, avec quelques précautions, dans le cercle des amis et des collègues. Il en va autrement de la publication des opinions non conformes. Le contrôle du cinéma, de l'édition et de l'information est constant et sophistiqué, quoique beaucoup moins étroit que par le passé. Chaque projet de film doit être soumis à l'avance aux autorités ; seuls vingt films étrangers par an reçoivent une autorisation de diffusion, mais la censure est moins dure dans l'ensemble. L'édition, elle, est beaucoup plus diverse et ouverte à la littérature étrangère, En 2005, plus de deux cent mille nouveaux titres ont été publiés, soit une progression globale de 6,8% - et de 20% dans les sciences humaines et sociales. De plus en plus de livres contribuent à la mémoire de la Chine ancienne et à celle des héros fondateurs du régime mais aussi au souvenir des souffrances récentes, et en particulier des tragédies familiales(3).
De même, le régime maintient un contrôle de l'information solide et le concentre sur un certain nombre de secteurs stratégiques : les titres de première page, les éditoriaux et les journaux télévisés -- tous les mêmes ! Ce contrôle est si puissant et si omniprésent qu'il ne nécessite généralement pas de mesures répressives. Les emprisonnements de journalistes que dénoncent les organisations de défense des droits de l'homme -- et qui touchent une trentaine des cinq cent cinquante mille journalistes chinois -- sont en général des règlements de comptes commandités par des mafias locales. De fait, la presse critique de plus en plus souvent les erreurs des autorités provinciales : ainsi a-t-on vu à l'automne 2006 celles du Fujian laisser éclater leur colère contre l'agence Chine Nouvelle pour ses reportages jugés négatifs sur la façon dont elles avaient dirigé la lutte contre de graves inondations.
En outre, le contrôle de la presse fonctionne dans chaque organe à travers des circuits hiérarchiques qui laissent leur place aux rivalités de personnes, aux désaccords professionnels et aux nuances éditoriales. Si donc l'information est en général biaisée, c'est de façon inégale. Elle laisse percer des fragments de vérité qui permettent aux lecteurs ou aux auditeurs de se former un jugement (...).
Il arrive même de plus en plus souvent que le pouvoir central trouve avantage à la révélation de certains scandales locaux. Ainsi, en janvier 200, c'est un quotidien du Sichuan qui a révélé le scandale du sang contaminé au Henan et, dans l'été 2007, des journalistes ont "sorti" une affaire d'esclavage industriel. Mais la liberté ainsi concédée est réduite et transitoire. (...)
Les nouveaux moyens d'information sont bien plus difficiles à contrôler. Récemment, à Davos, le PDG de China Mobile révélait ingénument qu'il fournit aux autorités toutes les informations qu'elles demandent sur ses clients. On sait par ailleurs que la propagande officielle peut dans beaucoup d'endroits être automatiquement diffusée sur les téléphones portables. Mais il paraît tout de même difficile de surveiller les SMS et les conversations des six cent millions d'usagers, et l'expérience prouve que de nombreuses protestations populaires sont organisées grâce aux téléphones portables(4).
Il en est de même pour internet, dont les usagers sont environ quatre cent millions. Sans doute les autorités se sont-elles dotées, a l'intérieur du bureau d'information du Conseil des affaires de l'Etat, de remarquables équipes techniques qui ont été capables en octobre 2007, durant quelques heures, de bloquer les moteurs de recherche américains de Google, Yahoo et Live pour réexpédier automatiquement les internautes sur le site du moteur chinois Baidu. Mais les manœuvres de ces derniers sont adroites et sans cesse renouvelées. Les campagnes de répression n'en sont que plus brutales : fermetures de cybercafés, destruction de certains sites ou d'adresse électroniques, descentes de police... Les protestation internationales contre les tentatives récurrentes du pouvoir chinois d'affirmer son contrôle et d'intimider les sites étrangers ne doivent pas cacher, cependant, que la Toile chinoise est devenue une extraordinaire fenêtre sur le monde en même temps qu'une vraie plate-forme d'opinion.
Sur cette scène mouvant et multiple se préparent sans doute les grandes mutations de l'avenir. D'après une enquête récente, 53% des internautes chinois estiment s'y exprimer plus librement que dans la vie réelle et 50% reconnaissent que l'usage d'internet a modifié leur personnalité(5). Les autorités le savent et s'inquiètent des mutations souterraines de l'état d'esprit populaire. C'est sans doute à ce phénomène que Hu Jintao faisait allusion quand il s'est plaint dans son rapport au XVIIe congrès du PCC en octobre 2007 que "nos succès... ne répondent pas toujours aux attentes du peuple... les gens sont aujourd'hui plus indépendants, plus sélectifs et plus changeants.".
Comme ailleurs, donc, internet est en Chine un espace d'information et de socialisation, mais aussi de circulation des opinion. Des mobilisations spontanées s'y produisent, soit sur les inquiétudes sociales du moment (par exemple le coût des logements dans l'été 2007), soit très souvent sur des thèmes nationalistes (...). Le courrier électronique permet aussi la constitution de listes d'interlocuteurs qui sont autant d'amorces d'associations : j'en témoigne, pour avoir été membre de plusieurs d'entre elles, dont les animateurs sont surveillés, certes, mais n'ont jusqu'à présent pas été sérieusement inquiétés. Les blogs se multiplient et la plupart de leurs auteurs parviennent à rester anonymes. Au total, ce sont des masses d'informations qui circulent par ces canaux. Face à ces phénomènes massifs, l'arrestation d'une cinquantaine de cyberdissidents est un fait scandaleux mais secondaire.


__________
1. Cf. Mixin Pei, China's Trapped Transition, the Limits of Developmental Autocracy
2. Cf. Pun Ngai, Made in China : Women Factory Workers in a Global Workplace, Hong Kong, Durham et Londres, Hong Kong University Press et Duke University Press, 2005.
3. Elles sont admirablement restituées dans la revue Lao Zhaopian ("Vieilles photos"), que l'on trouve dans toutes les bonnes librairies chinoises.
4. AFP, Pékin 27 janvier 2008.
5. Aujourd'hui la Chine, 27 novembre 2007.

mardi 16 mars 2010

La création comme autothérapie

...l'art de vivre, qui est aussi l'art de créer, ne fait qu'un avec l'acte d'éprouver, de questionner, d'être étonné, de voir et d'apprendre sans cesse au fil des instants. C'est dans cette dimension invisible, inévaluable, laissée pour compte par tout pont de vue nécessairement extérieur -- dimension que l'on ne peut décrire que bien imparfaitement puisqu'on ne peut le faire qu'à partir d'une distance et qu'en l'extériorisant -- que se trouve la vraie vie ou la vraie réalité. Par l'acte de créer, nous cherchons à nous donner une grande santé, une fois dit que celle-ci n'est jamais acquise, mais qu'il faut sans cesse la reconquérir. Je parle de l'acte de créer et non de l'œuvre en tant qu'elle est l'aboutissement de cet acte. Certes, c'est l'œuvre qui est remarquée, mais ce qui fait du bien, c'est l'acte même de créer. C'est pourquoi il nous faut créer encore. De même qu'on ne peut pas dire "J'ai vécu" -- la vie ne se conjuguant vraiment qu'au présent. L'acte de vivre et de créer est un défi toujours nouveau. Il ne faut donc pas nous fier aux apparences. L'œuvre donne souvent l'apparence de la force. Mais la source de la création est la fragilité. L'acte de créer est souvent une façon de faire face à des événements ou a des épreuves qui nous dépassent. C'est parce que nous nous sentons perdus, que nous ignorons, que nous nous trouvons dans une impasse, que nous ne pouvons résoudre telle énigme vitale, que nous sommes aux prises avec des forces plus grandes que nous -- que nous n'avons pas le choix et devons enfourcher la ligne de création. Nous créons pour être plus vivants, car tant d'éléments de la situation dans laquelle nous nous trouvons ont pour effet de réduire ou d'étouffer la vie. Certains de ces éléments sont incontournables et tiennent à notre finitude. Nous sommes sur ce plan limités de mille façons, aux prises avec mille contraintes. L'acte de créer permet de produire un espace de liberté au sein de ces limites et de ces contraintes. D'autres éléments appartiennent au contexte historique et culturel dans lequel nous nous trouvons. Créer est une manière de résister, de faire entendre notre voix au milieu des consensus préfabriqués. D'autres éléments encore tiennent à nous-mêmes, aux limites que nous nous imposons. Créer consiste alors à nous mettre nous-mêmes au pied du mur, à nous dépasser. L'acte de créer n'aboutit a aucune fin, à aucune conclusion, à aucune vérité qui pourrait être formulée. Il fait lui aussi partie du mystère de la vie ou de la réalité. Il n'occupe aucune position de survol, mais appartient de plain-pied à l'immense processus de création de la nature dont l'être humain n'est qu'un fragment minuscule. L'acte de créer n'est qu'une manifestation de la vie, l'une des plus intenses sans doute, car se trouvant au plus près du mystère de la réalité même.

Sagesses chinoises II

La culture chinoise demain ?

Après les guerre de l'Opium, des générations de défenseurs chinois de la culture chinoise ont lutté pour résister aux vagues déferlantes de l'influence culturelle occidentale. Résistance que fortifiait la légitimité patriotique ru refus de céder à la force par laquelle l'Occident prétendait dicter ses vues, la diplomatie de la canonnière à l'appui. Du jour où, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, colonialisme et semi-colonialisme ont été liquidés, tant dans leur forme native que dans leur succédané japonais, c'est de son propre mouvement que la Chine s'est lancée à corps perdu dans l'occidentalisation, mais en optant alors pour ce qui, aux yeux des révolutionnaires chinois, apparaissait comme l'aboutissement le plus avancé de la culture occidentale : le communisme soviétique.

Refusant net de verser dans l'anticommunisme, les partisans les plus fervents du renouveau du confucianisme cessèrent du cop de s'opposer à l'antitraditionalisme : Xiong Shili (1884-1968), Liang Shuming (1893-1988), Feng Yulan (1895-1990) crurent voir dans les communes populaires une renaissance du communautarisme traditionnel. Mao Zedong ne prétendait-il pas adapter le marxisme à ce que la tradition chinoise comportant de meilleur ? Si quelque équivoque a peut-être été temporairement entretenue, par exemple par les références classiques dont Mao émaillait ses discours et par son goût de la calligraphie, la Révolution culturelle a brutalement déchiré le voile d'ambiguïtés qui pouvait cacher ce que le maoïsme recélait de radicalement réfractaire à toute culture, en détruisant tout ce qu'il était possible de détruire du patrimoine culturel chinois.

Une sous-culture internationale

Aujourd'hui, tandis que cette destruction paraît irrémédiable et que, d'autre part, le reste de formalisme marxiste-léniniste maintenu en façade par la régime a partout perdu toute crédibilité, plus rien ne fait obstacle à l'idéologie capitaliste dont on assiste à l'inexorable montée en Chine comme sur le reste de la planète.

Mais il ne faudrait pas confondre la culture occidentale avec l'idéologie capitaliste. Celle-ci n'est guère que l'écume de la civilisation industrielle -- écume malheureusement acide qui corrode toute culture authentique, à commencer par celle même de l'Occident. Ce qui est menacé, ce n'est pas simplement la culture chinoise, ce sont toutes les cultures du monde, y compris la culture occidentale, partout dénaturées en une unique sous-culture pétrie d'une même bouillie télévisuelle, relevée se star-system et sucrée de publicité euphorisante, que sécrète un idéologie du productivisme effréné, de la surconsommation et de la mercantilisation de tous les rapports humains.

Il est vrai qu'il y a toujours eu partout des sous-cultures. Sous-littératures, sous-peintures, sous-musiques... Ce qui distingue cependant le phénomène actuel, c'est que, fabriquée industriellement, notamment par les multinationales de médias, il n'y a plus qu'une seule sous-culture, uniforme sur toute la planète, d'une épaisseur de plus en plus étouffante. Qu'il suffise d'évoquer l'invasion de la Chine, patrie d'une des plus grandes traditions de l'art des jardins, par la pseudo-architecture paysagiste à finalité purement commerciale des parcs d'attractions qui se répandent sur toute la planète. Dans la province de Canton, entre autres à Shenzhen, près de Hong Kong, un Splendid China Park réunit une mini-Grande Muraille et des répliques en miniature de toues les types de villages de la Chine, han et non-han, cependant que, non loin de là, le Window of the World Park, qui reçoit de six mille â dix mille visiteurs par jour, présente à ceux-ci la tour Eiffel, les Pyramides, le mont Fuji et les chutes du Niagara.

Ce qui menace les cultures dans la richesse de leur diversité n'est assurément pas le rayonnement des grandes œuvres étrangères, qui stimulent au contraire l'originalité créatrice par-dessus les barrières culturelles et linguistiques. N'est-ce pas chez Gogol et Maupassant que le plus grand et le plus chinois des écrivains de la Chie d'après le mouvement du 4-Mai, Lu Xun, a trouvé l'inspiration de ses nouvelles inimitables ? Et dans l'autre sens, d'où vient le souffle du Soulier de satin ou du théâtre de Brecht, sinon du théâtre chinois ?

La véritable menace est celle de la pollution, de plus en plus épaisse sur toute la planète, des ersatz commerciaux de la culture qui étouffent l'authenticité.

Vers un renouveau culturel ?

La culture chinoise, plurimillénaire mais atteinte jusqu'au tréfonds par les séismes successifs d'une révolution à multiples rebondissements, pourra-t-elle triompher de l'asphyxie ? On peut l'espérer, si du moins l'esprit de création n'a pas à continuer de subir la formidable pression politique que lui inflige la régime. N'A-t-il par suffi de la réapparition d'un minimum d'espace de liberté d'expression personnelle, dans la faille que provoquait au sei du totalitarisme la crise latente de l'idéologie officielle, pour que se rouvrent les voies d'une rénovation culturelle créatrice ?

Dans le domaine littéraire, A. Cheng (Le joueur d'échecs) et Mo Yan (Le chant du sorgho rouge) ne retrouvent-ils pas l'esprit de création grâce auquel, dans l'entre-deux guerres, Lu Xun, Lao She ou Ba Jin avaient été les refondateurs d'une nouvelle littérature chinoise ?

Dans le domaine si spécifiquement occidental du cinéma, n'a-t-on pas pu assister, à la fin des années 80, dans les studios de Xi'an, à l'éclosion d'un cinéma d'auteur profondément chinois, avec des films comme La Terre jaune (1984), de Chen Kaige, ou Le Sorgho rouge, de Zhang Yimou (Ours d'or du festival de Berlin 1988), adaptation du roman de Mo Yan ?

Dans le domaine de la peinture, ne peut-on reconnaître une remarquable renaissance de la culture zen, bien plus significative que tout ce qui se manigeste au Japon (où le zen est resté pris au piège duconformisme de son propre anticonformisme), dans certaines tendances sarcastiquement contestataires de la jeune école des années 90, que ce soit chez Fang Kijun, dans la déformation grotesque des portraits prolétariens, ou chez Wang Guangyi, dans l'afficahge dérisoire d'images publicitaires au-dessus des scènes de la Révolution culturelle ? N'est-ce pas le même esprit retrouvé du zen qui donne un ton bien plus chinois qu'américain au rock vitriolique du chanteur Cui Jian ?

En tout cas, si en Chine finit par s'ouvrir, grâce à la mutation en valeurs politiques des valeurs purement sociales traditionnelles, un véritable espace de libertés publiques, ce sera certainement bien moins sous l'effet des protestations hypocrites de l'Occident en faveur des droits de l'homme -- un Occident qui a oublié qu'il a, pendant plus d'un siècle après l'installation à Canton de la Compagnie des Indes, obligé les Chinois a consommer de l'opium (que la géographie d'Élisée Reclus signale comme la première importation en valeur du port de Tianjin encore en 1911)-- que par le travail de l'opinion qui s'opère en profondeur à partir de ces foyers de vrai renouveau de la culture chinoise.

Jean de Miribel et Léon Vandermeersch Sagesses chinoises, Dominos, Flammarion, 1997, pp. 107 à 118.

lundi 15 mars 2010

Sagesses chinoises

UNE VISION DU MONDE RÉARTICULÉE PAR L'IDÉOGRAPHIE

La clé de toute culture est la langue dans laquelle celle-ci s'exprime et qui est l'instrument primordial de sa manière de déchiffrer le monde. Pour la Chine, cet instrument a été très savamment réélaboré dans une écriture idéographique raffinée, au point que la langue naturelle a été transmuée dans ce que l'on peut à bon droit considérer comme une langue graphique sui generis.

Une écriture idéographique

En Chine, l'écriture fut inventée à l'époque des Yin (les trois derniers siècles de l'avant-dernier millénaire av. J.-C. marquant la fin de la dynastie préhistorique des Shang) par les devins en vue d'enregistrer des protocole de divination. La divination en usage était une forme particulièrement sohistiquée de scapulomancie(interprétation des os éclatés à la chaleur), pratiquée sur des omoplates de bovidés ou des écailles de tortue, sur lesquelles furent dès lors directement notées les protocoles de divinisation sous forme de courtes notices caractéristiques de ce que l'on appelle les inscriptions oraculaires. Le lexique de ces inscription comporte près de quatre mille idéogrammes. Une telle quantité de graphies n'aurait pu être maîtrisée sans une rationalisation très poussée du sustème de l'éciture idéograpique. Les devins y réussirent si bien que, à la différence des autres écritures, qui ont toutes évolué de l'idéographie à l'écriture alphabétique, l'écriture chinoise a achevé de se perfectionner dans sa forme idéographique, qu'elle a conservée jusqu'à nos jours.

Ce perfectionnement a été opéré par le moyen d'une remarquable réorganisation de la structure des graphies, toutes ramenées à une combinaison de guère plus de deux ou trois des quelques deux cents strutures graphiques identifiées comme élémentaires, qu'on peu appeler sous-grpahies. Ces sous-graphies sont elles-mêmes composées d'un petit nombre de traits de pinceau (trait horizontal, trait oblique de droite à gauche, trait oblique de gauche à droite, trait en crochet..., en tout huit traits de pinceau) dégagés comme pertinents par Cui Ziyi (fin du IIe siècle - début du IIIe siècle de notre ère), un des premiers spcialistes de l'analyse de la calligraphie. De plus et surtout, la recomposition de chaque idéogramme a été traitée de manière à faire apparaître une de ses sous-graphies comme radical sémantique (significatif de telle ou telle classe de choses : eau, air, feu, arbre, main, etc.) et une autre comme discriminant phonétique (indiquant plus ou moins exactement la prononciation de l'idéogramme par celle, similaire, d'une autre graphie).

À travers cette systématisation de tout le corpus des idéogrammes (qui a fini par s'élever à quelque cinquate milliers, quoique jamais plus du dixième n'ait été usuel), c'est tout le lexique des mots de la langue, que les idéogrammes précisément servent à représenter, qui a été restructuré. Et comme la syntaxe même du discours noté idéographiquement est restée profondément marquée par l'extrême concision et le parallélisme (la parfaite symétrie terme à terme de deux propositions couplées) des formules oraculaires originelles, s'est en définitive opérée dans la Chine ancienne la formation d'une langue graphique spécifique, bien plus éloignées de la langue parlée que ne l'est en général la langue écrite.

Lillérature, calligraphie et peinture

Lorsque, après Confucius, au terme de près de dix siècles d'usage purement rituel et administratif, cette langue graphique s'est ouverte à une utilisation proprement littéraire, elle a donné naissance à une littérature totalement détournée des genres qui ailleurs sont les premiers piliers de la création littéraire (ceux de l'épopée, du thâtre, du roman), mais qui n'en a pas moins extraordinairement brillé dans ce qui faut considérer comme les deux grands genres de la littérature chinoise : la prose d'idées, où la langue graphique est apte à procurer à la pensée une force d'expression incomparable, et la poésie du sentiment de la nature, où elle peut atteindre un lyrisme sans égal.

C'est que la langue graphique est, littérairement, un instrument bien plus perfectionné que tout ce que peut prêter à la création littéraire une écriture alphabétique, en cela qu'elle double le registre des effets phoniques (ici d'autant plus riches que les prononciations des graphies sont affectées de tons : le chinois est une langue tonale, c'est-à-dire une langue où les oppositions de hauteur dans la prononciation des voyelles ont valeur distinctive) d'une extraordinaire palette d'images sémantiques, dont le déploiement aussi bien que la très forte prégnance sont assurée par la remarquable systématisation du lexique des idéogrammes.

Sans doute la langue graphique est-elle aujourd'hui tombée en désuétude, entièrement remplacée parce que l'on appelle la langue parlée écrite, laquelle n'est plus une traduction en langue graphique du discours parlé mais la transcription mot à mot de ce discours. L'écriture idéographique a été pliée à ce nuvel usage à partir de la fin des Tang, vers le IXe siècle, ce qui a d'ailleurs bientôt entraîné le développement de l'épopée, du théâtre et du roman chinois, précédemment inexistants.

Mais elle n'a pour autant rien perdu de sa vitalité comme art, un art que les Chinois continuent de placer au premier rang des arts plastiques : la calligraphie, art d'exalter plastiquement les images sémantique de l'idéographie. Et si, à la différence de la calligraphie arabe, la calligraphie chinoise n'est pas simplement ornementale mais a toujours été cultivée par et pour elle-même, c'est que son registre n'est pas seulement celui de la trentaite de lettres d'un alphabet, fussent-elles traitées au second degré comme celles d'une écriture sainte, mais celui du sens même des choses, déchiffré par l'idéographie.

Observons encore que la peinture chinoise par excellence, la peinture à l'encre, est fille de la calligraphie : avec la même technique de pinceau que le lettré calligraphe, le peintre lettré ne fait rien d'autre que de substituer, sur son rouleau de papier, aux idéologrammes déchiffrant la réalité du monde, les représentations des objets déchiffrés, peintes en traits de pinceau répondant au même code que celui qui règne sur la calligraphie. En somme, dans la peinture à l'encre comme dans la calligraphie, comme dans la littérature, c'est une même culture idéographique qui décrypte le monde.

samedi 13 mars 2010

- Parce que... / - Because...

you are so idealistic
your heart is so big
your soul is so large
your consciousness so wide
your self is so deep (nobody can see those roots at bottom)
your spirit is so strong and compassionate
your mouth is so wise (but even more your words and speeches)
your lips are so sweet
your attention so delicate
your face is so expressive
your expression so subtle
your smile so gentle
your long nose so noble in aspect,
so fierce and sensitive

your love so dear, unexpected ;
heavenly rose, like a gift of life from God

Because, also, then, you are not afraid to be alone :
this is great strength, rarely seen, and I share this with you.

All that is (partly) why, dazzled . .... ...